Voilà quelques temps que l’on entend parler du passage de la limitation de vitesse du réseau routier secondaire de 90 à 80 km/h. Une mesure qui fait grincer des dents les automobilistes lassés de voir leurs droits toujours plus restreints. Le Premier Ministre, Edouard Philippe, fervent défenseur de la mesure, joue les bons élèves et donne l’exemple…
À partir du 1er juillet prochain, la vitesse maximale autorisée sur les routes à double-sens sans séparateur central passera de 90 à 80 km/h. Et pour donner l’exemple à tous les automobilistes qui prennent mal cette nouvelle baisse des limitations de vitesse, le Premier Ministre, Edouard Philippe, a décidé d’utiliser ses trajets lors d’un déplacement dans le Cher pour montrer l’exemple et rouler à 80 km/h.
Une campagne pro-abaissement de la vitesse bien ciblée, puisque 98 % du réseau du département est concerné par cette mesure. Nous sommes nombreux à avoir l’impression que notre chef du gouvernement a fait de cette mesure une bataille personnelle. Il ne parait donc pas ahurissant que notre Premier Ministre s’applique ses bonnes idées ainsi qu’à tout son cortège… motards compris. Cela dit on se doute bien que monsieur Philippe ne gardera pas longtemps cette vitesse et reprendra rapidement son habitude de déplacement au-dessus des limitations !
L’abaissement de la vitesse, quels avantages ?Â
Pour faire passer la pilule, le gouvernement ne se contente pas du 1er ministre comme ambassadeur. La mesure est défendue à coup de chiffres plus ou moins parlants :Â
- Cette réduction de vitesse à 80 km/h ferait faire 120€ d’économie par an aux automobilistes sur le plein de leur carburant.
- L’émission de polluants serait diminuée de 30%.
- Et nous ne gagnerions que 50 sec sur un trajet de 11km et 3,20 min sur un trajet de 41 km.Â
Mais bizarrement, il n’y a rien sur le degré de crispation que provoque la conduite les deux pieds sur le frein et les yeux braqués sur le compteur de vitesse pour rouler à la bonne (et très basse) vitesse ! Alors même si nous ne prônons évidemment pas la grande vitesse, nous n’apprécions pas non plus les avantages bidon avancés par l’Etat pour nous faire apprécier la mesure.
Pourquoi Edouard Philippe croit-il tant en cette mesure ?
Si les automobilistes – dont moi – s’insurgent contre cette nouvelle mesure restrictive, il faut avouer qu’illustrer cette baisse de vitesse par des chiffres est plutôt parlant. Car, même si rouler plus doucement sonne comme une punition, la vitesse n’en est pas moins la première cause d’accidents mortels sur les routes de France. Et devinez quoi ? C’est sur les routes à double sens sans séparateur central (55% de la mortalité routière, soit 1.911 personnes tuées) que les accidents mortels sont le plus fréquent. Une raison effectivement valable pour qu’Edouard Philippe tienne à sa mesure…
Selon le comité des experts du Conseil national de la sécurité routière, la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central devrait permettre de sauver entre 300 et 400 vies par an. En passant le réseau secondaire de 90 à 80 km/h, la distance de freinage passe en effet de 70 m à 57 m. Les risques de collision sont ainsi diminués.
Si nous comprenons et mesurons évidemment aisément l’impact  positif de la baisse des limitations de vitesse, il est plus difficile d’entendre les arguments de fluidification du trafic et diminution des émissions polluantes avancés par le gouvernement. Il n’y a qu’à voir les bouchons constants sur le périphérique parisien depuis son passage à 70 km/h ! Il faudrait envisager d’arrêter de nous prendre pour des imbéciles !