Quand Jaguar sort ses derniers modèles, dont sa fameuse F-Type, la marque ne lésine pas sur le programme. Du luxe à tous les étages, des sensations fortes et un pèlerinage sur un haut lieu de la course automobile. Impossible de résister. Récit d’une balade au cœur des vendanges champenoises.
Jaguar n’a rien à prouver. Un passé glorieux, une image de prestige, de qualité et de sport. Mais en réécrivant un ancien nom très célèbre, la marque s’est donnée un coup de jeune. J’attendais avec impatience d’essayer la F-Type, la première sportive biplace depuis cinquante ans, lauréate du prix World car design 2013 au Salon de New York en mars dernier. Une voiture qui me touche particulièrement car la marque a longtemps été associée à mon autre passion, celle de l’automobile ancienne. Peu de choses égalent le plaisir de monter à bord d’une XK120 ou celui d’admirer l’élégance racée de la Type-E.
Avant cela, j’ai eu la chance de faire une centaine de kilomètres à bord de la XF Sportbrake, un V6 3,0 L qui développe 275 ch., également sorti l’année dernière. Partis du siège de Jaguar Land Rover France à Colombes, nous prenons la direction de Reims. Aucune hésitation au démarrage, cette berline au design aérodynamique me plaît. Spacieuse, confortable et réactive, elle serait idéal pour partir en weekend en famille. Elle consomme en moyenne 6L/100 km, ce qui reste correct. Mais je trépigne à l’idée de tester les sportives du jour.
Un petit sac ou rien
Après le déjeuner, j’attrape les clés de la F-Type, je m’installe à bord et je prends un peu de temps pour apprécier son habitacle cosy, un peu étroit mais définitivement « sport ». Un volant en cuir particulièrement agréable au toucher. Là, en revanche, mesdames, la place est comptée : un tout petit sac ou rien. Il pleut et je regrette de ne pas profiter pleinement de la version cabriolet de ce puissant roadster. Un bémol : le rouge « Carnelian » me laisse sceptique. Mais quelle expérience une fois lancée ! La tenue de route de la F-Type est parfaite, le son est grave et sexy, elle est facile et, pour être entièrement comblés, la campagne champenoise défile sous nos yeux. Les vendanges touchent à leur fin. Elles ont été tardives cette année à cause d’une météo capricieuse. Nous roulons jusqu’au village de Ay, cœur de certaines des plus grandes maisons de Champagne.
Longue étape chez Bollinger -le champagne préféré de James Bond– où les journalistes sont accueillis pour une visite guidée des vignes aux caves. La journée s’achève par un dîner spécial pour journalistes privilégiés dans la salle à manger de Lily Bollinger qui a dirigé la Maison d’une main de fer jusqu’en 1971. Jaguar fait les choses bien, l’esprit du luxe et de l’élégance est omniprésent. Pour ses clients, ce genre d’escapades est régulièrement proposé par le club X-clusive.
La prestigieuse nationale 31
Parfois, la route prend des allures de circuit. C’est particulièrement le cas à Gueux où nous nous sommes arrêtés au bord de la Nationale 31 qui a longtemps fait partie de l’histoire automobile française. Jusqu’en 1972, de nombreux pilotes ont couru sur le circuit de Reims-Gueux dans des courses aussi prestigieuses que des Grands prix de France ou les 12 heures de Reims. Dans cette épreuve, en 1953, 1954 et 1956, les Jaguar Type D emportent la victoire. Aujourd’hui, le circuit ne sert plus mais les stands et les tribunes sont restés debout comme pour nous rappeler leurs heures de gloire. Ils sont régulièrement entretenus par l’association Les Amis du circuit de Gueux. On nous sert un café dans ces murs en ciment déserts. Improbable !
Faites du bruit, on tourne !
Retour à la F-Type. On est tenté de la pousser toujours un peu plus. Vœu exaucé le lendemain, sur le circuit des Ecuyers. Je connais bien cet endroit pour y être invitée chaque année par l’Écurie Épicure à l’occasion des Journées d’automne. Ce circuit a l’avantage d’être assez dégagé : on peut admirer les autres Jaguar qui tournent. Là, plus question du V6 mais du V8 S noir … 495 ch. ! Et quel bruit à l’allumage ! Presque un peu trop fébrile, je n’exploite pas l’ensemble de la piste : on ne s’improvise pas pilote. Un grand regret : ne pas l’avoir testée sur des lacets de montagne car, paraît-il, la F-Type est une grimpeuse née.
Le circuit m’a donnée l’occasion d’essayer un exercice un peu particulier et inédit pour moi : le freinage d’urgence. Pour cela, je prends le volant de la XFR-S, de son mode Sport et de ses 550 ch., d’un bleu détonnant, un bleu Gordini ou « French racing blue » … en tout cas pas très « British ». L’objectif est d’accélérer au maximum puis de se jeter sur les freins, le tout sous l’oeil du coach. Je n’aurais jamais pensé oser faire cela. Le compteur indique 130 km/h, c’est le signal. Sensation excitante que la voiture va se décomposer sous ses pieds. En fait : rien. Pas un écart de route. Un freinage sur quelques mètres. Tellement sécurisant que le photographe officiel prend des clichés dans la zone de freinage !
Clin d’oeil de Jaguar : des anciennes (XK150 et Type-E) sont venues spécialement et leurs propriétaires de l’Amicale Jaguar nous entraînent pour des tours de piste, certes moins souples mais qui réveillent ma nostalgie. D’autant que j’ai rendez-vous une semaine plus tard pour un tour en Bugatti, voiture de course mythique des années vingt, sur ce même circuit. Mais ça, c’est une autre histoire.
Les tarifs de la F-Type et autres Jaguar essayées
XF Sportbrake Diesel : entre 55.600 € et 72.700 € hors options
F-Type cabriolet V6 S 3L suralimenté : 85.400 € hors options
F-Type cabriolet V8 S 5L suralimenté : 100.500 € hors options
XFR-S V8 5L suralimenté : 110.600 € hors options
Essai de la F-Type