La fermeture des berges de Seine est officielle depuis près d’un mois. Quel bilan peut-on en tirer ? Paris est-il désormais plus vert ? Les voitures ont-elles fini par déserter la ville ? Cette polémique qui dénonce une manipulation de l’écologie est-elle fondée ? Les piétons ont-ils plus de facilité à circuler dans la capitale française ? Zoom, sur une piétonisation qui double le temps de trajet des automobilistes parisiens…
Manifestement, la voiture est devenue « persona non grata » à Paris ! Il y a quelques temps nous devions nous habituer aux nouvelles limitations de vitesse du périphérique. Cette année, nous devons étudier la carte de la capitale pour trouver un chemin alternatif aux quais de Seine désormais fermés aux automobilistes. En effet, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a proposé au Conseil de Paris la fermeture des berges. Désormais la voie Georges-Pompidou, de l’entrée du tunnel des Tuileries à la sortie du tunnel Henri-IV, est réservée aux piétons sur pas moins de 3,3 km de route.
Une mesure votée par le Conseil de Paris le 26 septembre dernier. Un peu moins d’un mois après le vote de cette piétonisation, l’heure est aux premiers bilans. Et l’étude commandée par Valérie Pécresse pour la région Ile-de-France n’est pas brillante !
Fermeture des berges : un temps de trajet parfois doublé
Le rapport d’étape de 30 pages révèle certains temps de trajet « qui sont le double de ceux présentés par la Ville« . Publié jeudi 13 octobre dernier par un comité d’experts indépendants, l’étude révèle entre autre qu’en « septembre 2016, les temps de parcours des automobilistes sur les quais hauts rive droite ont augmenté de 135% » aux heures de pointe ! Par ailleurs, ces temps fournis par des « calculateurs indépendants », indique également que le temps perdu est de 9 min « là où les capteurs de la Ville mesurent seulement 5 mn« . Pourtant Anne Hidalgo annonçait une baisse de la circulation de 10%…
Ainsi, bien que nous ayons peu de recul sur cette fermeture de quais, le rapport permet déjà d’affirmer que sur la plupart des axes étudiés par le comité (boulevard Saint-Germain, Grands Boulevards, périphérique sud, boulevard des Invalides, boulevard de Sébastopol, quais hauts), on note une très nette augmentation des temps de trajet par rapport au mois de septembre 2015.
Concrètement, les tronçons les plus touchés par ce report de circulation et donc par la création de nouveaux embouteillages sont évidemment les quais hauts de Seine, mais aussi le boulevard Saint-Germain. A titre d’exemple, il vous faut désormais 3 minutes de plus le matin et 9 minutes de plus le soir pour parcourir les 2,6 km qui relient les Tuileries à  Châtelet.
Les automobilistes ne sont pas les seuls « victimes »
Mais au-delà des problèmes de bouchons, le rapport pointe également du doigt une évaluation peu précise des problèmes acoustiques. Sans compter que la Ville de Paris n’a jamais fourni ses méthodes de calcul ! En réalité, il est aujourd’hui encore impossible d’établir un quelconque impact positif ou négatif de la fermeture des berges sur la pollution de l’air et sur les nuisances sonores. Car même si la pollution de l’air près des berges est plus élevée depuis la piétonisation des voies sur berge, il ne faut pas oublier que la météo est un facteur primordial dans la qualité de l’air, or le mois de septembre 2016 a été exceptionnellement chaud. Attendons donc d’avoir plus de recul pour se faire un avis.
Le plus étonnant dans cette histoire est que que le temps de parcours est également rallongé pour les bus. Notons tout de même que cette hausse de 0 à 15 % sur les 5 lignes étudiées, soit 0 à 8 min de plus, est dans certains cas liés à des zones de travaux. Mais nul doute que la circulation des bus souffre en grande partie du report de la circulation de la fermeture des berges. Toujours est-il que cette piétonisation est particulièrement pénible pour les automobilistes peu appréciés par la mairie, mais s’avère également pénalisante pour les transports en commun tant défendus par la ville de Paris ! Â
La mairie de Paris et la région en désaccord sur l’impact de la fermeture des berges de Seine
Valérie Pécresse, présidente LR de la région ÃŽle-de-France et contre cette décision, a mis en place un observatoire présidé par Pierre Carli, médecin-chef du Samu de Paris. Ce dernier est destiné à porter un regard critique et objectif sur cette mesure grâce aux organismes régionaux étudiant l’air, le bruit, l’urbanisme ou la santé, mais aussi l’autorité de transport régional STIF, réunis pour l’occasion.
Si la ville de Paris semble satisfaite de sa mesure, la région a quant à elle commandé un rapport qui s’avère être en total contradiction avec ce qu’avance la mairie. Et pour cause, ce dernier révèle que le temps de trajet des automobilistes a augmenté bien plus sensiblement que ce qu’annonce la Ville de Paris !Â
Manifestement, les bonnes idées ne connaissent pas de limite ! Et en effet, au-delà de la piétonisation des quais de Seine qui n’a pour l’instant pas prouvé sa pertinence, la journée sans voiture n’a pas semblé avoir eu l’effet escompté non plus. Et pour cause, l’étude atteste d’une hausse de 35 % de la pollution au dioxyde d’azote sur le boulevard périphérique à l’occasion de cette fameuse « journée sans voiture » le 25 septembre dernier. Lutter contre la pollution c’est bien, mais autant nous demander de faire des efforts pour quelque chose de valable et non pour la carrière de nos politiques !
La piétonisation des voies sur berges doit connaitre un vif succès pour les quelques personnes qui se rendent à leurs péniches. Pour les autres, à part y faire des rencontres d’un genre particulier, l’intérêt de cette zone marginale est très discutable. Comme toujours, un bilan doit faire la somme des avantages et déduire la somme des inconvénients. Si le but final est de réduire la pollution de l’air, sans être un quelconque expert de l’administration, le simple bon sens doit constater qu’il ne faut pas pudiquement le qualifier de douteux mais carrément de négatif!
Je n’ai rien à ajouter tant je partage votre avis !!