De tous les nouveaux modèles de la gamme Panamera – la berline de luxe de Porsche sortie en 2009 – le véritable plus concerne la version hybride rebaptisée S E-Hybrid. Batterie, puissance, autonomie : tout en mieux. L’ambition de la Panamera était de concilier sportivité et confort ; aujourd’hui on ajoute l’écologie ! Et ce n’est pas qu’un effet d’annonce.
L’île de Ré hors-saison. Le picotement des embruns chargés d’iode, la palette des gris – des nuages bas à la couleur de la mer – et la Panamera ! Il y a de l’électricité dans l’air. Une évidence à prendre le volant. C’est mon premier essai Porsche. J’ai envie qu’on me parle de puissance et de sport plutôt que d’énergie verte ou de consommation. Mais Porsche est entré dans l’ère de l’ E-mobility et la S E-Hybrid est son modèle le plus abouti : difficile de séparer le moteur thermique de l’électrique. Les deux se soutiennent. A condition d’avoir un esprit un peu geek.Â
Des touches de vert
Concrètement, on démarre la Panamera et on reste en électrique automatiquement. A condition que la batterie soit chargée, l’autonomie va jusqu’à 36 km en fonction de votre pied droit. Par ailleurs, la touche « E-power » sur la console centrale permet de forcer le passage à l’électrique. Imaginez : les trajets maison-école-boulot gratuits ou presque (10 centimes d’euros le kWh).
Sur cette version, le moteur électrique est passé de 34 kWh à 70, ce qui permet d’atteindre 135 km/h en 100% vert. Au-delà , ou s’il n’y a plus de charge, le moteur thermique prend le relais. C’est là qu’intervient la touche « E-charge » : la batterie se recharge à raison de 2 à 3% par minute en roulant. Quid de la sportivité pure ? Appuyez sur « Sport » et « Sport Plus », les deux moteurs s’entendent pour un maximum de puissance et de couple. La Porsche Panamera S E-Hybrid monte à 270 kms/h et passe du 0 au 100 kms/h en 5,5 secondes. Avec un bémol : la direction un peu trop souple ne permet pas une prise en mains et se révèle très inconfortable sur certaines routes de l’île de Ré.
Geek car
Pour l’accessoire ultime du geek, ouvrez le coffre de la Panamera : une petite sacoche et un chargeur universel permettent de recharger la voiture en voyage ou au bureau. A la maison, Porsche fournit également une « Wall Box« , très design, à fixer au mur de son garage (la marque part du principe que ses adeptes en ont forcément un !). Cette dernière destinée à brancher la voiture sur secteur nécessite une simple prise normale de 10A pour 4 heures de charge et 2h30 pour une charge rapide sur une prise de 16A (230 volts domestiques). Charger en roulant mais aussi charger sur une simple prise secteur, c’est la technologie Plug-in rendue possible par la batterie lithium-ion de forte capacité (9,4 kWh aujourd’hui, contre 1,7 hier).
Toujours côté nouvelles technologies, le « Porsche Car Connect« . En clair : avec un smartphone, on peut « piloter » la voiture à distance. Alors attention, c’est pas KITT de K2000 mais on peut quand même, par exemple, localiser la voiture ou encore – en option – actionner la commande de climatisation.
Une vraie sportive
Côté moteur thermique, rien de nouveau : un v6 3L à compresseur. Porsche annonce 416 ch cumulés : 333 ch pour le thermique et 95 ch pour l’électrique. Petite déception à l’accélération avec une voiture qui n’est pas franchement réactive : on retrouve ce petit mou désagréable de beaucoup d’automatiques. Notons, en revanche le passage à un V6 3L bi-turbo pour la Panamera 4 S.
La Panamera Turbo, elle, garde son v8 mais offre 520 ch en version suralimentée. Un léger lifting accompagne ces nouveaux modèles. A l’avant, la version S E-Hybrid est plus fine et s’équipe de nouveaux phares full-led redessinés. La nuit l’éclairage est parfait. A l’arrière, les blocs optiques sont plus fluides et le hayon voit sa lunette s’élargir. Enfin, le vert acide et écolo domine : on le retrouve sur le monogramme arrière, sur la signature des portes avant et sur les étriers de frein.
Compteur dédié
A l’intérieur, toujours très spacieuse, chaque place est véritablement indépendante. Le coffre en revanche passe de 445 litres à 335 litres pour laisser place à la batterie, plus grosse. On retrouve les nouvelles caractéristiques Porsche : une console centrale jusqu’à l’arrière et le principe de « une touche, une fonction ».
J’apprécie particulièrement le traditionnel chronomètre central et la fonction mémoire pour la position des sièges. Une remarque négative quand même sur le tableau de bord. N’aurait-il pas été plus logique pour cette version hybride plug-in de remplacer le compte-tours central par le nouveau compteur dédié à cette nouvelle ère technologique (type d’énergie, niveau de puissance) qui se trouve relégué à sa droite ? Logique mais moins sport et pas Porsche ! Enfin, les versions Executives (en France, pour les 4 S et Turbo seulement) sont allongées de 15 cm, essentiellement pour un meilleur confort à l’arrière !
Maître à bord de ma Panamera
En bref, cette Porsche est idéale pour celles qui veulent du sport, du confort, avoir bonne conscience (la voiture émet 71 grammes de CO2 au kilomètre, deux fois moins que le précédent modèle) et faire des économies significatives avec une consommation de 3,1 L/100 km en moyenne, à condition bien sûr de ne pas oublier le « E-charge ». Dans la Panamera S E-Hybrid, je suis désormais maître à bord. Avec un inconvénient majeur : le stress ! Entre les compteurs, les touches, les réglages et les innombrables gadget, dur de ne pas être débordée. Il me faudra un peu de temps pour maîtriser l’ensemble. Le Plug-in change la donne mais il n’est sans doute qu’une transition. « Nous travaillons déjà à l’avenir de la mobilité. Et à celui des voitures de sports « , précise le constructeur de Stuttgart. Vivement demain !
Prix de la S E-Hybrid : 112.309 € TTC, auxquels il faut soustraire le bonus écologique de 4.000 euros.
Très bon essai, très bien écrit comme d’habitude.
(oui y a au moins un mec qui lit en cachette !)
La remarque que je me fais c’est qu’au final cette voiture prouve bien l’absurdité du bonus/malus éco ! Celui qui achète ce type de voiture est surement beaucoup plus capable de payer un malus que celui qui aurait besoin d’un monospace avec un moteur correct ….
Hello Benoît,
effectivement le client d’une Pananmera a certainement un portefeuille plus fourni que celui d’une petite citadine mais en même temps le bonus/malus écologique peut difficilement reposer sur autre chose que la « propreté » de la voiture.
Une Clio RS par exemple, ça donne quoi ?
La propreté c’est plus large que les émissions de CO² c’est ça le soucis. Une Clio 4 RS c’est 350€ de malus cette année et 500€ l’an prochain (sauf si Renault Sport arrive à gérer cela avec une nouvelle cartographie moteur).