Tout a commencé par un léger rhume de ma voiture. Elle toussait au démarrage, mais rien de bien méchant, jusqu’à ce que le rhume se transforme en pneumonie, puis un jour carrément en crise cardiaque ! J’ai eu beau tourner la clé de contact, rien à faire, ma voiture refusait obstinément de démarrer. Tout juste ai eu-je droit à un léger râle. C’est alors dans un réflexe de survie que j’appelle mon père et lui décris les symptômes. Le diagnostique est vite établi : c’est la batterie. « Ce n’est rien, me rassure-t-il, il faut juste la changer. »
Panique à bord. Non seulement je n’y connais rien en mécanique, mais je suis exilée loin de chez moi, je ne connais pas mes voisins et je ne sais même pas où se trouve le garage le plus proche. Il faut se rendre à l’évidence, sur ce coup-là , je vais avoir besoin d’aide ! C’est donc tout naturellement que je me rends à mon bureau, en quête d’un chevalier servant. A grands coups de sourires et de regards paniqués, je finis par trouver mon sauveur. « Tu démontes ta batterie, je passe te prendre tout à l’heure, on va en acheter une neuve, on la monte et le tour est joué. » « Génial, ça a l’air facile, surtout la partie où tu passes me prendre. En revanche, le démontage de la batterie, je suis moins sûre, tout à coup. Je ne sais même pas à quoi ça ressemble… » Mon sauveur prend un air amusé, allume son ordi, me demande la marque de ma voiture et commence à chercher des images de moteur. « Tu vois ce gros cube ? C’est ça la batterie. »
Ok, ça ne doit pas être si difficile que ça. De retour devant ma voiture, ma première mission consiste à ouvrir le capot. Mais la question est : comment ? Et là ma manie des manuels m’a sauvé la mise. On l’oublie trop souvent, mais c’est très utile les modes d’emplois. Personnellement je suis fan, je lis même ceux des boîtes d’aspirine. Bref, grâce à ce merveilleux petit bouquin, je trouve la manette. Et là , miracle, mon capot se soulève !
A l’intérieur du moteur, c’est noir, c’est sale. Pas question de mettre les mains dedans sans un minimum d’équipement. Je me précipite donc chez moi et attrape au vol tout ce qui serait susceptible de me protéger.
J’étais à peine penchée sur le moteur que mon sauveur arrive et explose de rire en me voyant. « Bah quoi ? » lui rétorque-je, habillée de mes gants de cuisine rose, les cheveux retenus en une couette bien haute et une énorme quantité de Sopalin à la main. « Laisse, je vais le faire », me répond-il, avant de plonger les mains dans la crasse (c’est bien un truc de mec, ça…). Et là , il me pose la question la plus absurde qu’il soit : « T’as une clé de huit ? » « Euh,… », fais-je en désignant ma magnifique boîte à outils rose contenant un marteau, une pince et des tournevis de la même couleur. Il esquisse un sourire, va fouiller dans son coffre et en ressors une clé pile poil de la bonne dimension. Il se balade avec des outils dans sa voiture ! Je le demande en mariage tout de suite ou j’attends un peu ?
En deux temps trois mouvements la batterie est débranchée, mon capot refermé et nous voilà partis en quête d’une nouvelle pile. Il a même eu la gentillesse de me l’installer. Le noir sur le moins, le rouge sur le plus. Ou l’inverse ? Je ne sais déjà plus. La mécanique, c’est vraiment pas mon truc.
Charlotte (l’autre)