Au nom de la sécurité routière les radars automatiques sont souvent vicieux  ! Et je ne dis  pas ça parce que j’en ai marre de me faire flasher dès que je prends le volant. En réalité, c’est l’association 40 millions d’automobilistes qui a recensé pas moins de 72 radars fixes « pièges » dans un audit qu’elle compte remettre au ministre de l’Intérieur.

Ce ne sont pas moins de 67.000 automobilistes qui ont fait preuve de solidarité en mettant leur expérience à contribution sur internet pour réaliser un audit participatif intitulé « Raconte-moi ton radar« . Et en effet désormais, grâce à eux, nous pouvons toutes nous rendre sur le site internet de l’association « 40 millions d’automobilistes » pour découvrir une carte de France révélant l’emplacement de 72 radars fixes considérés comme «piégeux» sur les 2.172 que compte le réseau routier français. Une initiative qui n’est évidemment pas du goût de la Sécurité routière ! Mais notons que l’étude a été faite avec sérieux puisque les automobilistes ont signalés plus de 200 radars « piégeux » et après vérification sur le terrain l’association n’en a retenu que 72 souligne Pierre Chasseray, le directeur général de « 40 millions d’automobilistes » avant d’ajouter qu’il ne s’agit pas d’une lutte anti-radar mais de la recherche d’un juste équilibre : « En 2004, les Français se déclaraient plutôt favorables aux radars fixes. Aujourd’hui, ils sont plus réservés. Ce qui a changé ? Ils ont le sentiment de se faire avoir ! ».

Radars cachés, en descente, mal signalés, positionnés dans une zone courte où la vitesse a été abaissée, radars très rapprochés sur une portion très courte d’une route, tous les coups sont permis pour flasher un maximum d’automobilistes. Une attitude qui déplait à nombre d’entre nous qui en avons marre d’être le coffre fort de l’Etat. Evidemment, il n’est pas question de défendre les grands excès de vitesse profondément dangereux en matière de sécurité routière mais quand on perd 1 point et 68€ pour avoir rouler à 52km/h au lieu de 50km/h (ma dernière expérience), on est en droit de se sentir abusée et d’ailleurs l’association souligne que « bien loin de récolter des réactions “antiradaristes”, les histoires recueillies sont bien celles d’automobilistes qui ne s’opposent pas frontalement au système mais qui en dénoncent les excès« , explique l’association.

Des radars « tirelires »

Nous les femmes sommes attachées à la sécurité routière. En tant que bonne mère de famille, il n’est pas question de prôner les excès de vitesse et de demander le retrait de la totalité des radars. Il en va de même pour tous les autres automobilistes ; personne ne demande la déresponsabilisation des automobilistes mais simplement de ne pas avoir l’impression d’être pris pour un tiroir caisse comme c’est déjà la cas avec l’augmentation annuelle du prix des péages et la potentielle nouvelle hausse des PVs de stationnement. D’ailleurs la très grande majorité des équipements n’est pas remise en cause et seul quelques emplacements abusif sont montrés du doigt. A titre d’exemple parmi les « radars tirelires » le plus contesté de France est celui de Saint-Julien-en-Genevois en Haute-Savoie situé sur l’autoroute A41, entre Annecy et Genève. Plus d’un témoignage sur dix concerne cet appareil qui flashe à 50 km/h. Un autre radar qui un radar qui flashe au-dessus de 70 km/h sur une route entre Tours et Le Mans alors que la vitesse est limitée à 90 km/h dans l’autre sens de circulation fait également débat.

L’audit propose des alternatives pour une meilleure acceptation du système

Alors si effectivement personne ne conteste l’existence de ces flash car, comme le rappelle Jean-Louis Fournier à la Sécurité routière « Les radars ne sont jamais installés par hasard. Ils sont placés dans des zones accidentogènes », il y a tout de même des efforts à faire pour que ces derniers soient mieux acceptés des utilisateurs de la route. En période de crise, il est odieux d’avoir le sentiment de se faire presser comme un citron dès qu’il s’agit de notre voiture : « Il y a pourtant des améliorations à apporter pour éviter les contestations. Pourquoi, par exemple, ne pas rappeler la limitation de vitesse sur le panneau avertisseur de radar ? Beaucoup d’automobilistes se font flasher en toute bonne foi pour des petits dépassements, ne sachant pas quelle est la bonne vitesse à respecter » soutient Pierre Chasseray avant de rajouter que « Pour qu’une vitesse soit respectée, elle doit être respectable« .

L’association « 40 millions d’automobilistes » ne compte pas se contenter de la publication hier, sur son site, de la carte de France des 72 radars jugés « piégeux ». Cet audit participatif « Raconte-moi ton radar » qui comporte 32 pages et 7  alternatives destinées à faire mieux le système par les conducteurs, doit être également remis à tous les sénateurs et députés, mais surtout à Manuel Valls. Un combat qui risque d’être compliqué puisque hier matin le ministre de l’Intérieur rappelait encore sur RTL que son objectif était de passer sous la barre des 2.000 morts par an sur les routes de France d’ici 2020. Et selon lui, pour atteindre ce but, l’arme fatale semble être le radar : « il y a 66% de morts en moins à proximité des radars » avant d’ajouter « Je ne faiblirai pas, je ne baisserai pas la garde face à ce qui provoque les accidents« . L’association Prévention routière estime que le strict respect des limitations de vitesse aurait permis de sauver entre 577 et 1 281 vies en 2011. Seul petit espoir : le ministre a tout de même signalé qu’il regarderait les propositions faites par l’association. On croise les doigts…