Le ministère de l’Intérieur a récemment annoncé son intention d’interdire sur les voitures les vitres teintées à l’avant, dès le mois de janvier 2016. La raison ? Le « sur-teintage » de ces vitres serait considéré comme dangereux en rendant les contrôles routiers plus difficiles et en ne permettant pas aux autres usagers d’anticiper les réactions des conducteurs.

Le projet de décret qui sera adressé dans les semaines à venir au Conseil d’Etat, et qui vise à interdire les vitres teintées avant, a pour but de permettre un meilleur contrôle des comportements dangereux au volant. En effet, les vitres avant sur-teintées permettent parfois à peine de distinguer les conducteurs et empêchent donc les forces de l’ordre de détecter les personnes téléphonant au volant, de voir ceux qui ne portent pas leur ceinture de sécurité ou encore d’identifier le conducteur sur les photos de radar.

Ainsi, cette pratique est considérée comme une véritable entrave à la sécurité et c’est pourquoi le gouvernement de Manuel Valls – voyant en cette nouvelle mesure un enjeu de sécurité routière majeure – souhaite sanctionner les contrevenants d’une amende de 135 € et de trois points de retrait de permis d’ici le mois de janvier prochain.

Faut-il interdire toutes les vitres teintées avant ?

Si il est certain que des vitres parfaitement opaques sont dangereuses pour le sécurité car elles empêchent non seulement les autorités de stopper les conducteurs imprudents mais qu’elles empêchent également les autres usagers d’anticiper la réaction de l’automobiliste, il existe tout de même des vitres teintées moins dangereuses, car moins opaques :

« Par construction, les vitres des véhicules sont automatiquement teintées à 30% ; on pourrait imaginer alors qu’un teintage supplémentaire, jusqu’à 50 ou 60% reste autorisé. » explique Pierre Chasseray, délégué général de l’association « 40 millions d’automobilistes » .

Il semble donc inutile de prendre des mesures excessives en interdisant purement et simplement les vitres avant surteintées. Pourtant si le décret visant à interdire les vitres teintées avant venait à être voté, les 160.000 propriétaires qui s’équipent chaque année de ses fameuses vitres teintées devraient faire retirer les filtres posés. Outre la somme investie inutilement pour cet équipement, les automobilistes risquent d’avoir le sentiment de perdre en confort et en esthétique !

« 40 millions d’automobilistes » voit une nouvelle mesure répressive

Aux yeux de l’association « 40 millions d’automobilistes », l’interdiction des vitres avant latérales sur-teintées ne vient que se rajouter au ras-le-bol des automobilistes face à une collection de mesures répressives « Les automobilistes sont exaspérés par toutes ces mesures liberticides, dont ils ne comprennent pas l’intérêt. Interdire toujours plus, cela ne fait que renforcer le rejet de la politique dite « de sécurité routière » par les usagers. Après les radars en tout genre et la traque par les drônes, on s’attaque maintenant à l’aspect du véhicule ! Jusqu’où est-on prêt à aller, sous prétexte de sécurité ? » s’indigne Pierre Chasseray.

Mais au-delà du sentiment de persécution que vont finir par ressentir les conducteurs, l’interdiction des vitres teintées est un véritable danger pour tout un secteur économique :

« Les professionnels estiment que cette interdiction provoquera la suppression de 1.800 emplois liés directement à cette activité. Il ne faut pas oublier que l’industrie automobile, ce sont près de 2,5 millions d’emplois en France, et à chaque fois que le Gouvernement prend une mesure répressive à l’encontre des automobilistes, c’est tout un secteur économique qui en pâtit aussi. » explique Daniel Quero, le président de l’association « 40 millions d’automobilistes ».

«Cette mesure va impacter plus de 53% de notre chiffre d’affaire et menacer 1800 emplois directs» déplore Nicolas Guiselin, président de l’Association sécurité et filtration des films pour vitrage (ASFFV).