Le décor de cette finale des Audi2E en Laponie est rapidement planté  : de la neige à perte de vue, une course homologuée FFSA (Fédération Française du Sport Automobile), un circuit glace de 1800 m, 12 voitures, 60 participants et 1 femme… moi ! Bienvenue à la finale de l’Audi Endurance Expérience, ou la concrétisation d’un rêve.
A peine un pied en Laponie et l’aventure commence. Nous sommes en janvier, la température extérieure est de -18°c, j’ai récupéré mon équipement Rossignol et je viens d’arriver sur le circuit qui va m’en faire voir de toutes les couleurs les deux prochains jours. La tension et l’excitation caractéristiques des circuits est déjà palpable chez les participants composés majoritairement de clients Audi. Tous ont déjà fait leurs preuves sur asphalte en décrochant leur ticket pour la Laponie lors de l’une des 3 sessions de qualifications organisées en France. Mais cette fois-ci les cartes sont différentes puisqu’il va falloir s’adapter à  des conditions de conduite extrêmes. Plus que jamais la glace exige beaucoup de concentration et d’analyse de la piste. En clair, cette finale des Audi2E s’annonce aussi passionnante que fatigante.
Avant d’attaquer les choses sérieuses, nous commençons par un rapide brief durant lequel nous découvrons que le circuit est très technique avec ses dévers, épingles à cheveux, grandes courbes et passage en forêt, mais également un circuit particulièrement long. A titre informatif, ce dernier mesure 1800 m quand la moyenne d’un circuit du Trophée Andros est seulement de 800 m. Autre détail important, tous les participants sont logés à la même enseigne puisque chaque team se retrouvera au volant de la même Audi A3 1.8 TFSI 185ch quattro de série adaptée pour la course. Elle gagne ainsi des arceaux, sièges baquets, extincteur et pneumatiques cloutés et  se voit délestée de tout le superflu afin de gagner en légèreté et donc en vitesse.
 La conduite sur glace : un coup de volant exigeant
Rapidement je comprends que mes nouveaux réflexes devront tourner autour de 4 axes : glace, glisse, anticipation et souplesse. En effet, la finale des Audi2E est déstabilisante par sa surface vive. La glace évolue rapidement en fonction des moments de la journée, des températures et des trajectoires. Le challenge est donc de taille et le rôle de notre coach primordial pour nous permettre d’enregistre de bons chronos.
Le problème sur une finale comme celle des Audi2E c’est que l’on a pas vraiment le temps de réapprendre à conduire. L’apprentissage doit être rapide et efficace, et les réflexes doivent être acquis en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Les règles sont simples : je dois anticiper aussi bien sur la projection du regard qui conditionne la trajectoire, que sur les actions demandées à mon Audi A3. Le temps d’exécution est beaucoup plus important sur glace que sur asphalte. En clair, si sur route l’anticipation est importante, sur glace elle est primordiale ! Mais les bons réflexes de conduite ne s’arrêtent pas là . Pour pouvoir bien anticiper, je dois adopter une conduite plus souple qui me permettra de garder de l’adhérence. A l’inverse, le moindre geste brusque me fera partir en toupie.
Je vais avoir besoin du coach Steven !
Nous entrons enfin dans le vif du sujet. La finale débute par les essais-libres et là ça ne rigole plus ! Harnachée de casque, hans, cagoule, gants, combinaison et bottines, je prends la direction de la piste accompagnée de mon Team-manager qui aide à la logistique et d’un pilote-instructeur, mon coach.
Mon cÅ“ur s’emballe, ça va bientôt être à mon tour de prendre le relais ! Petit détail amusant, mon petit gabarit (1,62m) m’impose de rajouter des mousses supplémentaires sous les fesses et dans le dos pour voir la piste. Bref, je me lance et là , les choses s’annoncent compliquées. Durant les premiers tours de roue je ne me sens pas du tout l’âme d’une pilote. La glace casse tous mes repères ! Je glisse, la voiture ne semble pas m’obéir. Je n’ai manifestement pas encore bien intégrer les bons réflexes pour briller sur la glace. Ces premiers tours de chauffe sont donc parfaits pour appréhender la voiture et comprendre ses réactions, mais aussi les miennes. Si l’on dit souvent que les femmes pilotent mieux que les hommes sur glace car elles conduisent plus en finesse, je dois être l’exception qui confirme la règle ! Mon objectif pour rectifier le tir : doser mes accélérations et mes freinages. La fluidité me permettra de conserver de l’adhérence, du pouvoir directionnel et donc de gagner du temps sur les chronos.
Place à la course
Les essais-libres se terminent, il va maintenant falloir attaquer la Super-Pôle destinée à  déterminer la grille de départ. Un pilote par équipe s’élance de nuit sur la piste pour 3 tours (un tour de chauffe, un tour chronométré qui fixera notre ordre de départ et un tour de décélération). Résultat : nous partirons 9ème au générale et 2ème de notre catégorie. Une bonne chose puisque sur ce circuit il est très difficile de doubler. La grille de départ est presque décisive.
Samedi matin, c’est le grand jour. Tous les pilotes sont d’attaque, prêts à dompter la glace de Laponie. Notre premier pilote est prêt, la course est enfin lancée ! Je prends mon relais en 3ème avec en tête tous les conseils de mon coach et le tracé technique du circuit. Dernier détail important : je dois absolument détendre le haut de mon corps qui a tendance à se crisper me faisant agripper le volant pour une conduite tout en force alors que je devrais être en délicatesse.
Autre facteur à prendre en compte sur les Audi2E : les consommables. Comme pour toute course d’endurance nous devons gérer nos consommables, à savoir les pneus et les clous. Si la conduite est trop agressive les clous sautent, on perd en adhérence, on cherche du grip et on perd encore des clous ! Bref si on veut finir la course soyons souples.
Me voilà en piste. Pour un peu, mes premiers 800m ressembleraient presque à un tour de chauffe. Mes trajectoires sont moins d’être optimales. Heureusement, je me ressaisis rapidement et suis plus dans la maitrise. Puis finalement à trop avoir de maitrise, on prend confiance et on se plante : j’arrive trop vite dans un virage avec un freinage tardif ce qui m’oblige à m’arrêter pour reprendre du grip. Une perte de temps qui aiguise encore un peu plus mon tempérament de battante. Je regarde loin derrière mon virage, j’anticipe et je reste en souplesse. Mon Audi pivote plus facilement, tout est plus fluide. Un meilleur coup de volant qui paie puisque bien que je sois la seule femme de la compétition mes chronos sont loin d’être ridicules ! Quelle fierté !
Finale des Audi2E : une course à rebondissementsÂ
La finale des Audi 2E se poursuit, les relais s’enchainent sans accrocs jusqu’à ce que le drapeau rouge soit brandi ! La course est arrêtée et mauvaise nouvelle notre Audi A3 n°9 fait partie des 2 véhicules accidentés. Le comité organisateur et techniciens partent en trombe sur la piste pour se rendre sur le lieu de l’accident. Le temps semble s’arrêter pour nous qui sommes restés dans les stands. Quelques secondes s’écoulent qui nous paraissent une éternité, et soulagement tout le monde sans sort sans égratignures malgré un choc frontal à 90km/h. En revanche, nous avons dû arrêter la course 40 minutes et changer notre voiture, ce qui nous projette sans surprise en bas de classement. La victoire est donc désormais impossible mais un podium reste jouable bien que compliqué. Nous reprenons ainsi nos relais avec la même envie de bien faire et signons le meilleur 2ème temps de la course.
On se bat jusqu’au bout et on prend du plaisir jusqu’à la fin de la course mais rien à faire le retard pris avec l’accident était trop important. Nous finissons donc derniers de la finale des Audi2E mais heureux. Quelle aventure humaine et sportive ! Et puis, cerise sur le gâteau, j’ai tout de même pu goûter aux honneurs d’un podium : à défaut de monter en équipe, mon statut de seule femme en course m’offre la 1ère marche du podium. Une jolie façon de finir cette magnifique expérience des Audi2E…