La préfecture de police a annoncé hier, lundi 5 décembre 2016, la mise en place de la circulation alternée à Paris et dans 22 communes de la petite couronne. Cette mesure effective aujourd’hui a pour objectif de diminuer la pollution aux particules fines et au dioxyde d’azote. Une solution qui ne fait pas l’unanimité face à un problème pourtant bien réel. S’agit-il de la bonne solution ? Bilan à la mi-journée…
Ce n’est que la quatrième fois en 19 ans que la préfecture de police met en place ce dispositif de circulation alternée : octobre 1997, mars 2014 et mars 2015. Un peu moins de 2 ans plus tard, on reprend la même recette et on attend les résultats. Mais est-ce vraiment efficace ? Une chose est sûre tout n’est pas encore parfait ! Avant même de parler de l’impact direct sur le niveau de pollution en région parisienne, tournons-nous vers nos chers amis Franciliens qui ont dû trouver aujourd’hui un nouveau moyen pour se rendre au travail.
Si sur le papier la « punition » n’a pas l’air si sévère – ce n’est quand même pas compliqué de prendre les transports en commun un fois tous les deux ans – tout n’est finalement pas si simple. En effet, si l’on met de côté les bouchons qui sont toujours présents, certains bons citoyens qui auront jouer le jeu des transports en commun se retrouvent à devoir encore changer leur fusil d’épaule puisque une partie du RER B est en panne jusqu’à 18 h. Le RER A compte également des trains en moins et le réseau SNCF n’a pas été épargné avec quelques perturbations ce matin. Certes, les transports en commun sont gratuits, mais malheureusement les problèmes techniques ne disparaissent pas du jour au lendemain . Pourtant davantage de personnes comptent dessus en cette journée particulière ! Si personne n’est a blâmé sur ce coup, il faut avouer qu’il ne s’agit pas là de la meilleure façon de faire de nouveaux adeptes à la circulation alternée.
Un dispositif qui fait débatÂ
Une chose est sûre, on ne peut pas reprocher à la mairie de Paris de ne pas tout mettre en place pour que cette mesure de circulation alternée soit le plus indolore possible : le stationnement résidentiel est gratuit, tout comme le Vélib, l’Autolib’ et les transports en commun. En revanche, la pilule est un peu dire a avalée quand on sait que la mesure coûte 4 millions d’euros par jour à la région Ile-de-France ! Si on ne nie pas les effets réels mais limités sur la qualité de l’air des dernières applications de la circulation alternée, on est en droit de se poser quelques questions sur certains dysfonctionnements.Â
- 1 – Plus de 370 km de bouchons ont été comptés ce matin à 8h45 par Sytadin et de nombreux véhicules impairs ont été remarqués sur la route.  Le but de l’opération était pourtant de décharger le trafic pour polluer moins…Â
- 2 – Alors que la pollution atteint un pic en ÃŽle-de-France depuis une semaine, un week-end d’accalmie n’aura pas suffit à éviter une nouvelle hausse hier, nous menant  tout droit à  l’application de la circulation alternée. Cependant, selon Airparif cette journée ne permettra pas d’éviter un nouveau pic de pollution mercredi.
- 3 – Selon un rapport parlementaire fait à l’issue de  la dernière journée de circulation alternée, cette dernière «ne rime à rien car elle ne cible pas les véhicules les plus polluants». Avant de préciser que son impact serait supérieur si au lieu d’interdire la circulation aux véhicules en fonction de leur plaque d’immatriculation, on le faisait en fonction de leurs niveaux de pollution. Nous avons peut-être un espoir avec l’apparition prochaine des vignettes Crit’air.
Si tout ne roule pas comme sur des roulettes et que l’impact de la circulation alternée n’est intéressant qu’à court terme, force est de constater qu’en 2014, Airparif avait noté une baisse moyenne de trafic de 18% à Paris et 13% en petite couronne. Ces diminutions notables du trafic ont ainsi entrainé une diminution moyenne de la pollution de 15% d’émissions de particules et 20% d’émissions d’oxydes d’azote. Cela dit, la mise en place des vignettes anti-pollution permettra de décupler les effets de cette journée de circulation alternée.
En revanche, arrêtons de nous voiler la face : les automobilistes sont très loin d’être les seuls responsables des hausses de pollution ! Il serait donc de bon goût de chercher d’autres solutions complémentaires à la circulation alternée qui s’attaqueront à d’autres pollueurs bien plus importants.
Comment fonctionne la circulation alternée ?
Aujourd’hui, mardi 6 décembre 2016, seuls les véhicules légers à pots catalysés (voitures, scooters et motos) munis d’une plaque d’immatriculation paire sont autorisés à rouler à Paris et dans 22 communes de Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne. Les poids lourds et les véhicules à pots non catalysés sont eux interdits à la circulation. Si rien n’est encore décidé, il est fort possible que le dispositif soit reconduit demain, mardi 7 décembre, sur décision d’un comité d’experts. Le cas échéant, les véhicules qui auront roulé mardi resteront stationnés et ce sont ceux dotés d’une plaque d’immatriculation impaire pourront circuler.
Quelques exceptions viennent étoffer la mesure : les véhicules électriques sont évidemment autorisés à la circulation ainsi que les voitures utilisées pour le covoiturage (minimum 3 personnes). Même chose pour les véhicules d’urgence, les camions frigorifiques, les voitures auto-écoles et les taxis. En revanche, ne pas jouer le jeu de la circulation alternée est passible d’une contravention de 150 €, accompagnée de l’éventuelle immobilisation de votre véhicule au profit de la fourrière. Bref, mieux vaut respecter la mesure quoi qu’on en pense !