Ce n’est pas précisément ce que l’on peut appeler une surprise et pourtant on espérait bien passer à côté de cette mesure douteuse. Et oui, c’est officiel, les voies sur berge de la capitale française resteront interdites aux véhicules ! Une mesure qui est loin de faire l’unanimité… surtout quand on sait que les rapports sur la phase d’expérimentation sont loin d’être brillants tant en matière de trafic que de pollution.
Malheureusement, le Préfet de Paris semble faire peu de cas de l’expérimentation catastrophique de l’interdiction des voitures et autres véhicules motorisés de circuler sur les voies sur berge de la rive droite. En effet, après 8 mois de fermeture, la publication d’un rapport accablant sème le trouble chez les automobilistes, mais pas chez les politiques. Etonnant puisque ce dernier révèle une aggravation des conditions de circulation dans Paris et par conséquence une hausse des émissions de polluants sur les itinéraires de substitution.
Et malgré cette efficacité indéniable de la piétonisation des voies sur berge, hier, jeudi 29 juin 2017, le Préfet de Paris a décidé de maintenir cette brillante mesure. Une interdiction d’accès des voies sur berge aux voitures qui est vue comme pas l’association 40 millions d’automobilistes comme le reflet de « l’hypocrisie et la malhonnêteté d’Anne Hidalgo, maire de Paris, et du Préfet de Police« . Mais selon la préfecture, la réponse aux problèmes révélés par cette période d’expérimentation sa cache derrière la magie des vignettes Crit’Air.
Une « punition » en deux temps
Eté 2013, premier acte de la piétonisation des quais avec la fermeture définitive des voies sur berge rive gauche. Rentrée 2016, deuxième acte. Les automobilistes ont à peu près avalé la pilule suite à la suppression de l’un de leurs principaux axes de circulation. La mairie en rajoute alors une couche et ferme la rive droite de la Seine. Pour cette seconde partie il ne s’agissait alors que d’une expérimentation afin d’évaluer l’impact que cette mesure a sur la qualité de l’air. Mais finalement, le plus simple est de faire fi du rapport accablant de cette expérimentation et de passer directement à l’acte trois : fermeture définitive de la rive droite dès lundi prochain.
Chez les piétons, force est de constatée que l’hiver le succès de cet piétonisation n’est pas au rendez-vous. L’été davantage. Mais est-ce que cela vaut le coup d’embêter les nombreux automobilistes qui, eux, se foutent des saisons pour seulement quelques mois de réels intérêt des piétons ? De même que chez les commerçants, la pollution sonore a augmenté à cause des bouchons qui ne sont désormais plus sur les quais mais sous leurs fenêtres ! Avec 43.000 automobilistes qui empruntaient quotidiennement cet axe et qui ont dû se rabattre sur d’autres routes, on note une douce hausse de 33% de la circulation sur les itinéraires de substitution. Un succès !
Bref, il semblerait que l’on soit bien des pigeons…
Une chose est sûre, on les gâte nos piétons en France ! Et c’est normal, il y avait tellement de bouchons de piétons qu’il fallait bien leur offrir un nos principaux axes de circulation. Car oui, nous les méchants automobilistes, on les mérite nos bouchons. Non seulement, on pollue, mais en plus on fait du bruit et on ne suit pas la mode écolo du moment. Désolée de trouver qu’avec trois enfants en bas âge et plusieurs kilomètres à faire par jour mes pieds ne suffisent pas. Quant au vélo, promis quand ils sauront en faire, on se lancera au milieu de la circulation…. il faut dire que c’est tellement sécurisant ! Heureusement qu’on est dans un pays libre. Libre de choisir comment nous nous déplaçons, libre de profiter des avancées technologiques automobiles et libre d’être un peu moins écolo que le voisin tant qu’on respecte l’environnement !
Un avis partagé par Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’Automobilistes :
« La décision de la fermeture des quais bas rive droite avait été prise par Anne Hidalgo malgré l’avis défavorable rendu par la Commission d’enquête publique mandatée pour évaluer la faisabilité et l’intérêt du projet le 19 août 2016. Cette fois, c’est le préfet de Police de Paris qui fait fi des conclusions dramatiques du Comité technique de suivi et maintient l’interdiction de circulation pour les véhicules motorisés. C’est une honte ! Cette décision est d’une hypocrisie sans nom et intellectuellement malhonnête. Comment Anne Hidalgo et le Préfet peuvent-ils encore prétendre se soucier du bien-être et de la santé des Parisiens lorsqu’ils maintiennent cette mesure, dont on a désormais la preuve de la nocivité ? » .