Les voitures du Tour Auto 2020 ont passé la ligne d’arrivée samedi 5 septembre dernier sur le mythique circuit du Castellet. Une édition décalée en raison de la crise du Coronavirus qui aura finalement profité de l’été indien et d’une compétition serrée aussi bien sur le plateaux des compétitions que des régularités. Retour sur 5 jours hors du temps…
.Pour la première fois cette année, du 31 août au 5 septembre dernier, je vivais le Tour Auto de l’intérieur. Engagée en régularité au côté d’Etienne Bruet (M6 Turbo), nous avions entre les mains une Peugeot 504 Coupé V6 Groupe IV  préparée par Orhès Racing. Notre sportive de 1975 identique à celle du 8ème rallye du Bandama en 1976 était taillée pour gagner. La pression était grande mais notre motivation pour rallier le circuit de Linas-Monthléry à celui du Castellet avec le moins de pénalités possible, l’était tout autant.
Jour 1 : Paris – Clermont-Ferrand
430 km =>  1 spéciale + 1 épreuve sur le circuit de Nevers Magny-CoursÂ
C’est donc de Monthléry que se sont élancées les quelques 220 voitures engagées sur le rallye. Les compétition ont ouvert les hostilités par une spéciale avant de prendre la liaison jusqu’au circuit de Magny-Cours. Notre équipage 88 est dans les derniers à s’élancer. Alors que nous pensons être plutôt bon sur la spéciale, les 16 secondes de pénalités nous étonne. Nous arrivons donc plus motivés encore à Magny-Cours… Et la là magie opère. Les tours sont précis, réguliers et parfaitement identiques à la seconde près. Nous commençons à s’imaginer avec zéro pénalité mais malheureusement un coup de frein d’un participant sur la ligne d’arrivée nous fait prendre 2 secondes. C’est pas grave, le soir à Notre arrivée à Clermont-Ferrand, nous sommes persuadés d’être capable de beaux résultats.
Jour 2 : Clermont-Ferrand – Limoges
380 km => 1 épreuve sur le circuit de Charade + 2 spéciales
Grisés par la veille, nous entamons cette journée pleins d’ambition sur le très vallonné circuit de Charade. Contrairement à la veille, ce magnifique circuit n’est pas très large et les dépassement sont plus compliqués. Si Etienne connait par cœur le tracé, les trajectoires et les points de freinage, il reste un facteur que nous ne maîtrisons pas : être pris dans le trafic. Pas de chance, c’est exactement ce qui nous arrivera. Nous optons pour une vitesse trop soutenue. Le trafic nous ralenti et notre marge pour rattraper notre retard est trop faible. Nous nous retrouvons avec 4 secondes de pénalités. C’est une déception !
Mais c’est lors de la spéciale suivante que nous nous prenons le premier coup au moral. Alors que nous sommes persuadés d’avoir fonctionnés au diapason, la sentence tombe : nous prenons 1,07 min de pénalités. C’est l’incompréhension totale jusqu’à ce que nous ayons le détail de notre spéciale. Plus aucun doute nos tables de régularité ne sont pas bonnes. Il s’agit pourtant là de notre principal – si ce n’est l’unique – outil permettant de maintenir une vitesse régulière sur les spéciales. L’EC5 (5eme spéciale) nous confirme nos doutes et nous pénalise encore de 34 secondes. L’arrivée à Limoges est frustrante. Nous discutons alors avec d’autres équipages pour savoir comment parer à ce problème. La nuit sera studieuse.
Jour 3 : Limoges – Toulouse
430 km => 3 spéciales
Aujourd’hui pas de circuit mais 3 spéciales. Une configuration que n’est pas pour nous arranger. Heureusement, nous avons plusieurs idées en tête pour parer à notre problème de tables de régularité. A peine parti du parc fermé nous essayons de réétalonner la voiture en comparant sur 10 km la différence entre notre compteur et la distance réelle. Nous nous apercevons qu’il y a 250 m d’écart. C’est à partir de cette donnée que nous nous baserons jusqu’à la fin du rallye pour choisir la notre vitesse de régularité par rapport à la vitesse demandée.
Nous arrivons donc sur la première spéciale du jour relativement confiants. Il se pourrait que nous ayons trouvé une solution pour remonter à la tête du classement et se battre à armes égales avec les autres concurrents. D’ailleurs se sont nos principales concurrents qui nous prête leur tables de régularité. Le Tour Auto est une grande famille, il n’y a plus aucun doute ! Mais nouveau coup au moral : nous faisons à nouveau 1,07 min. Dépités, nous ne comprenons pas où est le problème.
Changement de stratégie pour la spéciale suivante : nous sommes trop lents, nous tentons donc de prendre 1 km/h au-dessus de celle demandée. Le choix et payant : nous prenons seulement 13 secondes de pénalités. C’est l’euphorie ! Nous avons trouvé la solution à notre problème. Tous les espoirs sont permis.
Arrive la dernière spéciale de la journée. Spéciale qui va rapidement nous rappeler que le sport et la régularité en particulier sont affaires d’humilité. Rien n’est jamais joué. Hormis un instant de déconcentration pendant l’épreuve nous sommes plutôt assez calés. Enfin c’est ce que nous pensions ! Les résultats tombent et nous prenons 1,48 min. c’est le coup de tonnerre. Mais heureusement la spéciale est annulée car en réalité tout le monde a été victime d’une erreur de chrono. Nous ne sommes pas en cause, l’espoir est encore permis !
Jour 4 : Toulouse – Pont du Gard
450 km => 1 épreuve sur le circuit de Lédenon + 2 spéciales
Nous démarrons la journée à la seconde place et nous confirmons notre classement dès la première spéciale où nous ne prenons que 18 sec de pénalité. Nous croyons dur comme fer au podium mais les choses vont très vite tournées au vinaigre. La seconde spéciale nous pénalise de 1,29 min alors que nous étions une fois encore content de notre épreuve. Ce mauvais score nous refait passer à la 5ème position et semble envoyer toutes nos ambitions aux oubliettes. L’écart est trop important pour être rattrapé et les épreuves restantes trop peu nombreuses pour nous permettre de retomber sur nos pattes. Nous nous prenons un sacré coup derrière la nuque.
Mais la journée n’est pas terminée et la dernière épreuve sur circuit sera certainement ma plus grande frustration de ce Tour Auto 2020. Le circuit de Lédenon n’est pas simple. La ligne d’arrivée est en haut d’une montée, le circuit n’est toujours pas très large pour les dépassements. Nous décidons donc de laisser passer les voitures et d’adopter une cadence basse pour pouvoir rattraper notre retard si nous sommes bloqués dans le trafic. La stratégie fonctionne jusqu’à ce que je fasse mon unique (mais terrible) erreur du rallye : je m’embrouille dans mes chronos. Heureusement avec un peu de sang froid nous limitons la casse mais prenons tout de même 5 sec. L’arrivée au parc fermée est morose. Je dois digérer mon erreur. Nous avons dégringolés au classement et il ne reste que deux épreuves pour remonter. Nous sommes abattus mais pas battus.
Jour 4 : Pont du Gard – circuit du Castellet Tour auto 2020
420 km => 1 spéciale + 1 épreuve sur le circuit Paul Ricard
Nous entamons donc cette journée loin du podium mais plus motivés que jamais. Arrivée sur la dernière spéciale de cette 29ème édition du Tour Auto, nous sommes bien décidés à terminer sur une bonne note et nous battre jusqu’au bout. La magie opère, nous faisons une belle spéciale et cette fois-ci le score suit. Nous prenons seulement 14 secondes de pénalités, ce qui nous place devant les 4 premiers sur cette épreuve. Nous grimpons à la 3ème place. Le podium n’est donc pas impossible.
Le Tour Auto 2020 touche à sa fin avec une dernière épreuve sur circuit. La encore, nous sommes dans le tempo. Tout se déroule à merveille. Nous faisons 4 tours presque parfait et ne prenons que deux secondes de pénalités. Notre Troisième place est donc assurée et nous ne terminons qu’à 3 secondes de l’équipage arrivé second.
Bilan de cette 29ème édition du Tour Auto
Faire un Tour Auto c’est ressentir toutes la palette des sentiments possibles et imaginables : frustration, joie, incompréhension, excitation et même colère ! L’intensité de ce rallye est encore accentué par le rythme qui change en milieu de semaine et nous force à aller puiser encore davantage dans nos ressources. Mais malgré la fatigue, le retour à la réalité est difficile et une seule chose nous obsède : revenir la semaine prochaine. En attendant la prochaine édition, félicitations à Marc et Thomas Jay qui raflent la première marche du podium au volant de leur belle Lancia Fulvia 1600 HF, ainsi qu’à Mélina Priam et Anne-Chantal Pauwels qui terminent à la deuxième place avec leur Opel 1900 GT.