C’est désormais une pénible tradition : avec la nouvelle année vient l’augmentation du prix des péages ! 2021 ne coupera pas à la règle et c’est finalement une hausse moyenne de 0,44% qui est appliquée sur nos autoroutes.
Le 1er février est incontestablement un rendez-vous annuel désagréable pour nos finances. Chaque année à cette période, entrent en vigueur de nouvelles grilles tarifaires dans un certain nombre domaines. Et bien entendu, ces prix sont revus à la hausse et non à la baisse. 2021 respecte donc bien la tradition et ne nous fait pas de cadeaux : gaz, électricité, péages… il n’y a qu’à demander, le panel d’augmentation est large !
Si dans beaucoup de cas se sont les taxes de l’Etat qui expliquent ces hausses tarifaires, dans certains cas comme celui des péages, ce sont des sociétés privées qui profitent de ces augmentations. Ainsi donc cette année, selon les chiffres donnés par les sociétés concessionnaires d’autoroutes, le passage au péage vous coûtera entre 0,30% et 0,65% plus cher selon l’autoroute empruntée. Soit en moyenne 0,44%. A titre comparatif, en 2020 les péages avaient augmenté en moyenne de 0,80% et de 1,9 % en 2019.
Des sociétés autoroutières en bonne santé
Selon le rapport de la commission d’enquête du Sénat, ces fameux péages sont extrêmement rentables. Au point de nous laisser penser, qu’une fois de temps en temps, les sociétés autoroutières pourraient nous épargner certaines augmentations. Une perte sèche pour l’Etat qui avec la privatisation des autoroutes depuis 2006, serait passé à côté de 7,8 milliards d’euros de recettes potentielles. Nulle surprise d’apprendre ainsi que les sociétés concessionnaires semblent sur le point d’atteindre la rentabilité attendue à la fin des contrats avec 10 ans d’avance. Souvenez-vous, en 2014, l’Autorité de la Concurrence avait déjà évaluée cette rentabilité à plus de 20% et la Cour des Comptes avaient tiré la sonnette d’alarme concernant les tarifs exercés. Une petite remise à plat semble donc nécessaire :
« Les principaux paramètres économiques et financiers des concessions ont évolué favorablement, ce qui a permis aux sociétés d’autoroutes de verser un niveau exceptionnel de dividendes à leurs actionnaires (24 milliards d’euros entre 2006 et 2019). […] Il est impératif de mieux partager les profits des sociétés d’autoroutes avec l’État et les usagers et de rééquilibrer les relations entre le concédant et les concessionnaires ».
Vincent Delahaye, rapporteur de la commission d’enquête
Seul 2015, avait été exempte de toute augmentation. Mais ne nous méprenons pas, ce gel du prix des péages n’était pas un simple acte charitable, mais le fruit d’une négociation rondement menée par les sociétés autoroutières. En effet, en contrepartie de cette « année blanche », les concessions gagnaient le droit d’appliquer une hausse annuelle des péages de 2016 à 2023, sans pour autant subir une hausse de fiscalité. Un accord qui s’est donc soldé par une hausse moyenne des péages de 7,5 % entre 2013 et 2020.
Comment sont calculées les augmentations du prix des autoroutes ?
Les sociétés autoroutières sont liées à l’Etat par des contrats très strictes qui n’arriveront à leur terme qu’entre 2031 et 2036. D’ici là , il faut compter sur une augmentation annuelle systématique du prix des péages. Une hausse qui intervient tous les ans au 1er février et qui est fixée en fonction de l’inflation et des travaux entrepris sur le réseau autoroutier. Ce qui explique d’ailleurs que toutes les sociétés ne fassent pas fluctuer leur tarifs de manière équivalente.
Et attention, une augmentation en cachant une autre, il n’est pas à exclure de voir un autre type de hausse entrer en vigueur d’ici fin 2022 : celle du malus autoroutier pour les véhicules pollueurs !Â