Alors que le Rallye des Gazelles est repoussé pour la 3ème fois consécutive en raison de la crise sanitaire du Covid-19, nous avons décidé de mettre d’ores et déjà un pied sur la ligne de départ de l’édition 2022. Nous avons, en effet, rencontré un équipage très particulier avec…. une Enjoliveuse au volant, Aurore Saint Laurent ! Accompagnée de sa cousine Carine Bonnard, le binôme très complémentaire est prêt à déplacer des montagnes pour faire partie de l’incroyable famille des Gazelles.
Dominique Serra, l’organisatrice du Rallye des Gazelles, annonçait il y a une semaine, le nouveau report de l’édition anniversaire de l’événement. 30 ans ça se mérite, on l’aura compris ! Initialement prévue en mars 2020, la 30ème édition du rallye-raid 100% féminin a été repoussée au mois de mars 2021, puis mai 2021, pour être finalement décalée du 17 septembre au 2 octobre prochains. Espérons que cette fois-ci sera la bonne et que ce 30ème anniversaire pourra enfin être célébré dignement en 2021.
De notre côté nous avons rencontré « Les Gazelles de Normandy ». Un équipage qui se prépare, non pas pour la 30ème édition, mais pour la 31ème. Et c’est au fil de notre discussion que nous réalisons qu’aboutir un projet aussi fou demande énormément de travail en amont, bien avant l’assaut des dunes marocaines ! L’année qui leur reste devant elles, avant de prendre le départ du Rallye, n’a absolument rien de superflue. L’expérience intense de Gazelle a bel et bien commencé comme le souligne Aurore : « cette aventure est un véritable ascenseur émotionnel. Elle nous prouve chaque jour que rien n’est acquis mais que tout est possible !«Â
Qui sont les « Gazelles de Normandy » ?
Aurore et Carine se connaissent depuis 16 ans. Cousines par alliance, elles sont passionnées de sport auto depuis toujours. Et si Aurore a eu la chance de mettre en pratique sa passion, ça n’a pas encore été le cas de Carine qui rêve de dépassement et d’aventure. Regarder à la télévision la F1 et le Dakar ne lui suffit. Il faut plus. C’est ainsi – à force de lancer à Aurore lors de repas de famille « Si tu fais un jour le Dakar, appelle-moi ! » – qu’un projet bien réel est né le 14 juillet 2020. Aurore a appelé sa cousine pour lui proposer un « truc de dingue ». Avant même d’avoir eu le temps d’en dire plus, Carine était déjà de l’aventure : « quoique tu me proposes je te suis. Ce forcément fun avec toi ! » Et c’est ainsi que d’une passion pour le Dakar, deux Gazelles ont fait leur apparition.
Même évidence du côté d’Aurore : seule Carine peut être son binôme. En plus d’être complémentaires, elle sait que le niveau de motivation et d’investissement sera le même des deux côtés. Une donnée essentielle quand on se lance dans un tel projet, surtout dans le contexte actuel !
Aurore sera donc pilote et Carine copilote. Cependant, la particularité de ce rallye-raid est la possibilité d’échanger en cours d’aventure, ce qui peut faciliter la gestion du binôme. Mais là encore, la question ne se pose pas tellement. Aurore a de l’expérience en sport auto et pilotage. Carine en navigation. Cependant le franchissement avec leur SSV est encore en cours d’acquisition.
Retrouvez les Gazelles de Normandy sur Facebook et Instagram et suivez-les dans leurs péripéties.
Aurore, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette incroyable aventure qu’est le Rallye des Gazelles ?
Nous voulions toutes les 2 sortir de notre zone de confort et faire quelque chose qui ferait briller nos yeux et ceux de notre famille. Surtout ceux de nos enfants. Depuis que nous sommes toutes petites nous rêvons de faire ce rallye. Nous avions envie de prouver à notre entourage que lorsque l’on se donne les moyens, tout est possible. Nous voulons prouver qu’à force de détermination et motivation rien n’est inatteignable. Carine, grande fan du Paris-Dakar a toujours cet esprit d’aventurière et cette envie de dépassement de soi.
Quel a été le déclic pour finalement vous lancer en 2022 ?
C’est un projet que j’ai eu il y a déjà 11 ans avec une autre équipière. Puis, étant enceinte de mon 2ème enfant, j’ai dû repousser cet engagement. J’ai mis ce projet dans un coin de ma tête. Ce n’était certainement pas le bon moment et ni pas la bonne personne. D’ailleurs nos chemins se sont séparés depuis.
Puis 2021, l’année de mes 40 ans, j’avais envie de faire de ce rêve une réalité. Comme un clin d’Å“il à la vie. Malheureusement avec le contexte sanitaire cette édition initialement prévue en 2021, ne prendra le départ qu’en mars 2022. Mais ce n’est pas grave, l’essentiel est d’être dans les starting-blocks au bon moment et de prendre ce départ avec Carine.
Participer à un événement de cette envergure, ne consiste pas simplement à se retrouver dans le désert. C’est également trouver une voiture, des sponsors, se former… Racontes-nous un peu ce parcours.
Le Rallye Aicha des Gazelles possède différentes catégories. La nôtre sera Quads /SSV pour associer plus de fun à cette belle aventure et profiter à fond des beaux paysages marocains. Nous partirons donc à bord d’un Can-Am Maverick. Un choix qui complique tout de même un peu la gestion de notre aventure : nous avons une place très limitée dans le véhicule et allons donc devoir faire des choix stratégiques dans ce que nous emporterons avec nous.
Par ailleurs, cette aventure est très onéreuse. En ce qui nous concerne, nous avons besoin d’un budget de 24.000 €. Une somme qui n’inclut pas le véhicule qui m’appartient. Nous avons déjà réuni les frais d’inscription qui s’élèvent à 14.400 €. Un véritable parcours du combattant dans un contexte qui n’aide absolument pas. Nous avions prévu de créer des événements, des rassemblements nous permettant de réunir des fonds mais, Coronavirus oblige, tout cela est impossible. Nous concentrons donc nos efforts sur notre recherche de sponsors. Un travail de Titan avec un grand nombre d’entreprises qui subit violemment la crise sanitaire. Heureusement, certains secteurs sont moins touchés que d’autres et surtout certaines entreprises ont besoin de voir plus loin, de se projeter dans un quotidien plus positif. Ce sont elles qui acceptent de soutenir nos actions et notre projet.
Parallèlement, nous organisons des tombolas et vendons des goodies pour nous aider à réunir le budget. Cela prend beaucoup de temps. Nous avons parfois l’impression de gérer une petite entreprise, mais c’est également cela le dépassement de soi !
Vous fourmillez d’idées, présentes-nous donc vos particularités…
Nous avons également choisi de donner une autre dimension à notre aventure en créant notre association : Les Gazelles de Normandy ! Ainsi en plus d’éviter aux entreprises d’inclure ces montants de sponsoring dans leurs frais de communication, nous luttons contre la phobie et le décrochage scolaire. A ce titre, nous sommes les marraines de 2 classes de collégiens avec qui nous partageons l’avant, le pendant et l’après de cette belle aventure. Nous voulons leur prouver que rien n’est impossible quand on croit en ses rêves. Nous intervenons ainsi 1 fois par mois auprès d’eux. C’est un bonheur. De vrais moments de partage !
Nous essayons également de créer un véritable réseau autour du projet en impliquant nos partenaires confirmés dans notre lutte contre le décrochage et la phobie scolaire. Nous organisons, par exemple, des moments d’échange entre eux et nos collégiens. En mai, nous allons organiser une séance de sport d’arts martiaux avec l’une des deux classes et l’un de nos partenaires spécialisé dans l’équipement du sport de combat. L’objectif est de prouver à nos adolescents que le dépassement de soi est à la portée de tous et surtout qu’il se réalise dans le respect mutuel. Un club de Kickboxing et l’un de leur champion interviendront à ce titre durant une séance de 2h intensive !
Combien de temps faut-il compter pour se préparer au Rallye des Gazelles ?
Nous nous sommes lancées sur le projet le 14 juillet 2020, date de notre pré-inscription. Mais ce n’est que depuis le 15 mars que nous sommes officiellement inscrites au Rallye des Gazelles 2022. Puis nous avons créé notre association en août dernier. Après tout s’est enchaîné. Il ne se passe pas un jour sans que nous travaillions sur cette aventure.Â
Il faut bien compter 2 ans avant de pouvoir prendre le départ. Certaines ont la chance d’avoir un seul et unique sponsor, mais ce qui n’est pas notre cas. Et puis au–delà de l’aspect financier, il y a toute la préparation physique. Alors si vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté pour réussir et espérer terminer cette belle aventure : 2 ans c’est le minimum !
Présente-nous votre bolide…
Nous avons choisi la catégorie SSV pour ajouter encore un peu de piment à cette aventure. Nous partirons donc à bord d’un Can-Am Maverick qui subira très peu de transformations. Hormis l’installation de pneumatiques adaptés aux conditions et quelques modifications pour transporter toutes nos affaires, nous n’y touchons pas. Il est déjà bien équipé avec son treuil et ses rampes de phares. Une bonne technique de franchissement, un bon entretien et le tour est joué ! Ces petits engins sont faits pour vivre ce genre d’aventure !
Ah si j’oubliais une petite modification : des plaques isolantes ! La sortie d’échappement est juste sous nos sièges. Sans ce petit changement, nous risquons d’avoir très vite chaud aux fesses ; et ça en plein désert, ça ne va pas le faire ! Par ailleurs, nous allons nous équiper de très bons casques. Les plus légers possibles. Nous aurons entre 10h et 12h de navigation par jour et il faudra les porter en permanence. Alors autant avoir du bon matériel.
Comment se prépare-t-on à un rallye aussi technique et compliqué que celui des Gazelles ? C’est un rallye de femmes que beaucoup d’hommes ne réussiraient pas ! Vous êtes-vous entraînées dans des zones similaires au désert ?
Maienga, qui organise le rallye, nous impose un stage de formation à la navigation. Le GPS étant bien entendu interdit, nous n’aurons le droit qu’à une navigation à l’ancienne : cartes et boussole. Un stage de franchissement est également obligatoire pour la première participation au rallye.
Au-delà de tout cela, nous souhaitons nous préparer en conditions réelles et essayons de réunir le budget pour partir quelques jours dans le désert Marocain à l’assaut des dunes. Nous avons prévu de faire plusieurs stages de franchissement dans des centres agréés en France. Puis nous roulons régulièrement à travers notre campagne normande pour apprivoiser notre monture !
Même si aucune sélection physique n’est requise pour participer à cette aventure nous avons remis en marche les « machines » en nous préparant physiquement et en travaillant notre cardio lors de séance de sport. Puis nous avons également la chance d’avoir un partenaire qui nous accompagne sur notre préparation mécanique. Car, même si une assistance est présente sur le bivouac, chaque intervention en journée est sanctionnée d’une pénalité. Pour un rallye de régularité nous souhaitons mettre toutes les chances de notre côté en sachant faire au maximum nous-même.
En parlant d’équipement, qu’est-ce qu’on va retrouver dans vos sacs et dans votre coffre ?
Nous devons être autonome si nous faisons le choix de ne pas rentrer au bivouac, ou si notre navigation n’a pas été bonne un jour. Nous emporterons donc avec nous une tente, des duvets et des sacs de couchage. Et puis, il n’y a évidemment pas d’hôtel sur les 9 jours du rallye. C’est du campement en permanence alors nous ne lésinerons pas sur la qualité de notre sommeil, comme pour nos casques. L’organisation nous impose de produits d’hygiène solides ou biodégradables afin de respecter leur côté engagement RSE. C’est le seul rallye-raid ayant une certification environnementale.
Il y aura aussi dans nos sacs des vêtements adaptés au désert et surtout aux populations locales. Il est indispensable de respecter les coutumes de ce beau pays qui nous accueille. Des produits de notre belle région normande donnés par certains de nos partenaires feront également partie du voyage. Et enfin, une tenue de soirée et une paire d’escarpin pour la soirée de remise des prix sera cachée au fond de notre sac. Même si je ne suis pas certaine que nous les tiendrons longtemps après 9 jours de compétition !
Nous allons également mettre en place une playlist alimentée par notre entourage afin de nous accompagner durant le voyage. Et surtout nous cherchons un moyen pour immortaliser cette aventure. Nous sommes 2 passionnées de photos et aimons garder un souvenir de chaque endroit où nous passons. Mais n’ayant pas le droit aux nouvelles technologies puisqu’elles peuvent être géolocalisées ou équipées d’un GPS. Nous allons donc fonctionner à l’ancienne : avec un appareil photo jetable ou polaroid.
Nous emporterons aussi un objet fétiche que nos enfants nous donneront. Même si nous ne sommes absolument pas « grigri », nous souhaitons emporter une partie de nos enfants dans cette aventure.
Ni l’une ni l’autre n’avez jamais participé au Rallye des Gazelles. Quelles sont vos attentes, vos craintes, vos espoirs et vos ambitions ?
Si nous souhaitons mettre toutes les chances de notre côté avec une préparation complète comme celle que nous avons prévue, c’est que nous visons un podium. Pas celui du classement général, il faut rester lucide, mais celui de la 1ere participation. Nous avons toutes les deux l’esprit de compétition et n’envisageons pas l’abandon, ou alors si celui-ci devait arriver, il devra être sans regret.
En réalité, notre seule et unique crainte est de ne pas franchir la ligne d’arrivée. Après tout le reste, même les galères, nous saurons les transformer en bonheur. Nous savons que nos émotions seront à leur max après 2 ans de parcours du combattant pour être sur la ligne de départ. Nous comptons vivre cette aventure pleinement et sereinement.
Tout le monde ne le sait pas mais il y a une dimension sociale au rallye des gazelles, comment les Gazelles de Normandy s’inscrivent dans cet élan ?
Nous avons missionné l’une des classes de collégiens qui nous suit, pour organiser une collecte de fournitures scolaires. Nous déposerons le tout à l’organisation du rallye lors de notre départ officiel de Nice. Nous souhaitons également faire partie du protocole gazelles engagées et réfléchissons encore à l’association que nous représenterons.
Une dernière question un peu anecdotique, mais finalement pas si anodine : la voiture est encore souvent une affaire d’homme. Comment votre entourage a-t-il réagi à votre engagement ?
Nous connaissant, notre entourage n’a pas été surpris et nous soutient à fond dans cette aventure. En revanche, il nous est arrivé lors d’exposition de rencontrer des réfractaires au concept même du Rallye de Gazelles. Nous avons déjà entendu « mais c’est vous qui allez conduire cet engin???« . Là , nous sommes ravis de répondre positivement à cette question. Et on prend un malin plaisir à les emmener à bord du SSV pour leur prouver qu’on peut être une femme et savoir piloter ce type d’engin ! Souvent, ils ressortent avec les yeux qui coulent et en redemandent. Ca, c’est génial !