La maire de Paris, Anne Hidalgo, a récemment confirmé son aversion particulière pour les voitures et autres véhicules motorisés. Alors que les mesures prises à l’encontre des automobilistes fleurissent comme de la glycine au printemps, les motos et scooters thermiques semblent être la nouvelle cible de l’équipe municipale. Dernière trouvaille en date : faire payer le stationnement des motos et scooters thermiques. Le tout, en augmentant le tarif de stationnement des autos.
Dans l’entourage d’Anne Hidalgo on semble penser qu’à Paris, la marche, la trottinette, le vélo, le bus ou le métro suffisent amplement à se déplacer. Au pire, le taxi fera l’affaire ; tant pis pour les moins riches ! A l’inverse, tout ce qui possède un moteur thermique incarne le mal. Les familles nombreuses et leur poussette, les handicapés en fauteuil roulant, les personnes âgées ou les travailleurs parisiens habitant loin de Paris n’ont qu’à se plonger dans les bouchons intensifiés année en année par les mesures de la mairie. Sinon, ils n’ont qu’à trouver un moyen de prendre les transports en commun… pas toujours accessibles !
Si la situation écologique est alarmante et qu’il est impératif de réagir vite et fort, les mesures punitives et totalitaires ne sont peut-être pas la bonne solution. Au lieu de lutter contre la voiture et risquer d’isoler ou mettre en difficulté ceux qui ne peuvent pas s’en passer, pourquoi ne pas trouver des incitations plus positives (transport en commun gratuit, rame de métro accessible aux fauteuils roulants, tarif préférentiel pour les personnes ne pouvant se passer de voiture, aide financière pour acheter un véhicule moins polluant, etc…). Les habitudes doivent changer, la pollution doit diminuer, mais les automobilistes ne sont pas non plus des criminels. Le secteur automobile n’est pas le seul secteur polluant. Puisque la voiture n’a donc pas vocation à disparaitre, ne faudrait-il pas l’intégrer intelligemment dans une vie plus éco-responsable ?
Les thermiques passent à la caisse
L’écologie fera bientôt de la voiture va un luxe réservé aux riches ! En effet, David Belliard, adjoint à la transformation de l’espace public, aux transports et aux mobilités, a annoncé mardi 15 juin dernier, la fin de la gratuité du stationnement des motos et scooters thermiques dès 2022. De même que les automobilistes « visiteurs » (entendez non-résidents) profiteront également d’une hausse tarifaire substantielle pourtant pas nécessaire. Le stationnement résidentiel n’est, lui, pas concerné par cette flambée des prix.
« Il y a un aspect financier, on ne pas se mentir, mais ce qu’on veut c’est réguler l’espace public et régler une injustice : pourquoi les deux-roues thermiques ne payent pas alors qu’on demande un effort aux automobilistes ? […] Cela ne vous choque pas de ne pas faire payer des gens qui utilisent des véhicules qui polluent et font beaucoup de bruit ? »
David Belliard, adjoint à la transformation de l’espace public, aux transports et aux mobilités
Si l’idée est de faire payer tous les pollueurs par soucis de justice, pourquoi pas. Les deux–roues doivent donc également payer leur stationnement. Mais cela ne nécessite pas de s’attaquer encore plus fort aux voitures !
Les nouveaux tarifs de stationnement des voitures et des deux-roues
Les deux-roues devront ainsi payer 50% du tarif appliqué aux voitures. Tarifs qui augmenteront eux-mêmes dès le 1er août prochain :
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- – En zone 1 (les 11 premiers arrondissements, soit le centre de Paris) : le prix horaire passera de 4 € à 6 €. L’interdiction de stationner plus de 6h d’affilée reste valable. Bien entendu, le montant de la contravention en cas de défaut de paiement du stationnement participe à la flambée des prix. Elle passe de 50 € à 75 € (52,50 € si vous payez dans les 9 jours).
- – En zone 2 (du 12ème au 20ème arrondissement, bois de Vincennes et Boulogne) : le tarif double et passe de 2 € à 4 € de l’heure. Côté PV, le tarif passe de 35 € à 50 € (35 € si minoré).
- – Pour les résidents automobiles, la carte annuelle n’augmente pas et reste à 45 € et 1,50 € la journée.
- – Pour les résidents deux-roues c’est donc un nouveau passe qui fait son apparition et coûtera 22,50 €. Il permettra de profiter d’un tarif journalier de 0,75 € dans la zone de résidence.
- – A l’inverse les véhicules électriques profiteront d’un stationnement gratuit et les zones piétonnes s’étendront encore et toujours.
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En clair, les citoyens motorisés paieront de plus en plus cher pour circuler de moins en moins bien et ne plus pouvoir stationner dans la capitale française. Car il ne faut pas oublier que la piétonnisation des voies sur berge et l’abaissement de la vitesse limite à 70 km/h sur le périphérique avait déjà nettement intensifiés les bouchons parisiens. Or une voiture qui roule pollue beaucoup moins qu’une voiture coincée dans les bouchons.
Une annonce contre les automobilistes et les deux-roues qui fait des vagues
« Madame Hidalgo, avec son péage et la taxe sur les deux-roues, est en train de faire de la ségrégation sociale et de fermer Paris. […] La hausse des tarifs de stationnement pour les visiteurs c’est un nouveau péage, un péage urbain qui est en train d’être instauré par la mairie de Paris vis-à -vis des banlieusards qui vont payer 6 € de l’heure ».
Valérie Pécresse, présidente ex-LR de l’Ile-de-France et candidate à sa réélection
« Cela va compliquer la vie des Parisiens. Maos cela va aussi, et surtout, compliquer la vie des non-Parisiens qui viennent dans la capitale pour travailler, faire des courses, se divertir… Ces mesures de réduction du nombre de places de stationnement et d’augmentation des prix vont rajouter du chaos au chaos ! »
Rachida Dati, maire LR du VII arrondissement de Paris
« C’est une mesure complètement antisociale et anti-banlieusards. On demande à des gens qui n’ont pas les moyens d’habiter à Paris de payer pour y travailler ».
Jean-Marc Belotti, président de la fédération française des motards en colère (FFMC)
« C’est une usine à gaz et un nouveau message envoyés aux banlieusards et aux provinciaux pour les décourager de venir à Paris. La mairie cherche de l’argent partout, les voitures et les deux-roues deviennent des vaches-à -lait ».
Aurélien Véron, conseiller de Paris et porte-parole du groupe Changer Paris
Rappel des dernières mesures pour un Paris sans voiture… mais avec plus de bouchons ?
Depuis la sortie du premier confinement, les restaurants peuvent désormais étendre leur terrasse sur les places de stationnements faisant face à leur adresse. Une autorisation presque logique après l’annonce de la mairie de Paris (avant même que la pandémie de la Covid-19 immobilise le pays) de la suppression de 50% des places de stationnement de la capitale. Il était déjà compliqué de se garer, c’est désormais impossible. Seule solution : aller dans un parking souterrain plus onéreux ! Autre apparition massive après le confinement : les pistes cyclables déjà nombreuses. Elles se sont multiplier comme des petits pains, de façon anarchique et parfois dangereuse tant pour les cyclistes que pour les automobilistes. De même qu’un petit tour rue de Rivoli permet d’admirer cette grande artère parisienne désertique. Et pour cause, elle est désormais réservée aux taxis et aux vélos !
Depuis le 1er juin 2021, la Zone de faibles émissions est entrée en vigueur dans le grande Paris. Les véhicules les plus polluants (vignette Crit’Air 4) ne peuvent désormais plus circuler à l’intérieur de l’A86. Ce sont au total 79 communes qui sont concernées par cette restriction. Notez qu’elle est applicable de 8h à 20h en semaine ouvrable pour les véhicules particuliers, utilitaires légers et les deux-roues. En revanche, les poids lourds doivent se plier à ces horaires tous les jours de la semaine. Une mesure qui n’est pas dénuée de sens, mais qui manque cruellement d’accompagnement et d’aides financières pour changer de voiture. Que sont censés faire les personnes ayant besoin de leur voiture pour travailler ? Comment faire quand on n’a pas l’argent nécessaire pour acheter une voiture plus récente ? Il s’agit là d’une forme de discrimination financière … d’autant plus qu’il ne faut pas oublier qu’un véhicule électrique coûte beaucoup plus cher qu’un véhicule thermique.
Pour rappel, les véhicules concernés par la vignette Crit’Air 4 sont : les véhicules diesel d’avant 2006, les véhicules essence d’avant 1997 et les deux-roues motorisés d’avant juillet 2004.