Qu’il semblait loin le temps des gilets jaune ! Le temps où le prix du carburant mettait le feu aux poudres. La crise sanitaire du coronavirus n’aura finalement pas eu raison de cette manie de taxer toujours un peu plus le carburant. Nous voilà donc de retour à la case départ avec une nouvelle flambée des prix à la pompe. Gouvernement, station-service, prix du baril, pays producteur de pétrole… qui tire les ficelles, au risque de réveiller les gilets jaunes ?
Le 17 novembre 2018, les gilets jaunes se levaient pour la première fois contre la hausse des prix du carburant. Car ne l’oublions pas, avant de couvrir de nombreux autres problèmes, c’est bien le prix de l’or noir qui était à l’origine des gilets jaunes. Trois ans plus tard, nous en sommes toujours au même point. Après avoir traversé ces manifestations, suivies des grèves et enfin de la crise du Covid-19, nous aurions pu imaginer pouvoir profiter de la relance économique pour souffler un peu. Il faudra balayer ces rêves d’un revers de main, l’heure est à la hausse des prix du gaz, de l’électricité et bien entendu du carburant. Le prix moyen du litre du carburant en France a même surpassé celui exercé en 2018 : pour le SP 95 il faut désormais compter en moyenne 1,63 €/ litre et 1,54 €/ litre pour le gazole.
De manière générale, nous avons tendance à blâmer le dernier maillon de la chaine. Dans le cas présent, ce sont les stations-services. Mais contrairement à ce que nous pourrions penser, ces dernières ne sont pas à l’origine de la hausse des prix du carburant. Les distributeurs – particulièrement ceux des hypermarchés – margent souvent très peu sur le prix au litre. Il est, par conséquent, très compliqué pour eux de faire un effort sur le tarif appliqué chez eux. En clair, ce sont les taxes du gouvernement qui explique cette flambée !
Des distributeurs impuissants
Les distributeurs de grandes surfaces tiennent d’ailleurs tous le même discours : leur marge sur le prix du litre est dérisoire. Ce ne sont qu’un ou deux centimes d’euros seulement par litre de carburant vendu qui vont dans leur poche. Autant dire qu’ils vendent quasi à prix coutant, or il leur est interdit de vendre à perte ! Le scénario d’une rencontre entre les distributeurs et Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, était par conséquent écrit d’avance. Le gouvernement demande aux distributeurs de faire un effort qu’ils ne peuvent pas faire. Et les distributeurs demandent à l’exécutif de baisser leur taxe sur le prix au litre.
« Les hausses se voient vite chez nous parce qu’on n’a pas le droit de vendre à perte. On est donc obligé de suivre le tempo des hausses et de les répercuter. »
Michel-Edouard Leclerc, président du Comité Stratégique des centres E.Leclerc
Michel-Edouard Leclerc, président du Comité Stratégique des centres E.Leclerc, a lui annoncé qu’il était prêt à faire un effort dès lors que l’Etat aura commencer à baisser sa TVA sur le carburant. Il suivra l’impulsion du gouvernement mais ne baissera pas seul ses marges.
Un gouvernement un peu trop gourmand
Sans surprise, c’est du côté des caisses de l’Etat que l’opération est gagnante. En effet, 59% du prix du litre d’essence et 56,3% du prix du gazole s’avèrent être une taxe. Un montant quotidien énorme dont l’Etat aurait du mal à se passer pour éponger sa dette. Ainsi, que ce soit le Président de la République, Emmanuel Macron, ou Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, aucun ne donne pour le moment de réponse franche aux automobilistes en colère. Dans un premier temps, ils ont simplement demandé aux distributeurs de faire un effort sur leur pourcentage. Facile à dire, mais comme nous l’avons démontré c’est un peu plus compliqué à mettre à exécution. La possibilité de mettre en place un chèque carburant pourrait être la solution pour les ménages nécessiteux ayant besoin de leur voiture…
Pour info : des chèques carburant ont déjà été mis en place dans les Hauts-de-France, il est de 20 € par mois. Le gouvernement a finalement opté pour plus de simplicité pour une indemnité inflation sur l’ensemble de la France.
Autre acteur concerné : les pays producteurs de pétrole à qui Emmanuel Macron compte également demander de faire un effort. Aujourd’hui, le tarif du baril de brut compte pour 31,5 % du prix d’un litre d’essence vendu en France et 33 % d’un litre de gazole.