Avec le 1er février vient la traditionnelle hausse des prix du péage ! Une augmentation qui s’inscrit dans un contexte particulier où la flambée des prix du carburant bat des records et fait grincer des dents dans les chaumières. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle se sont saisis du sujet et parle de la nationalisation des autoroutes. Bonne ou mauvaise idée ?
Comme attendu, les concessions du réseau autoroutier français ont augmenté aujourd’hui, mardi 1er février 2022, leurs prix exercés aux péages. Une hausse simultanée à celle de l’électricité et qui arrive à un moment où les tarifs du carburant atteignent des sommets. Depuis le 20 décembre dernier le prix du litre est en constante augmentation pour dépasser par endroit la barre symbolique des 2€/L ! Par ailleurs, le pouvoir d’achat est en baisse et les 100 € de l’indemnité inflation semble dérisoires par rapport à toutes ces augmentations.  Â
l ne faut pas oublier que les sociétés d’autoroutes sont extrêmement endettées, à hauteur de 35 milliards d’euros. Pour rappel, en 2017 les autoroutes avaient été vendues 17 milliards d’euros et profitent depuis lors de contrats extrêmement rentables qui n’ont jamais été modifiés. Ce manque de révisions des termes de cette privatisation est un véritable problème, à la fois, pour l’Etat qui pourrait profiter davantage de ces concessions, et pour les usagers de la route qui pourraient payer moins cher leurs trajets sur le réseau. C’est donc sans surprise que certains candidats à l’élection font entrer ce problème au cœur du débat des présidentielles de 2022. Pour eux, la solution est simple : la nationalisation des autoroutes.
Nationalisation des autoroutes : bonne ou mauvaise idée ?
Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) sont clairs, nous devons opter pour la nationalisation immédiate de nos autoroutes. Pour ce faire, la candidate du Rassemblement National promet que cette nationalisation aidera à diminuer les prix des péages de 10% à 15%. Cette mesure permettra de réinjecter de l’argent dans les caisses de l’Etat et utiliser une partie de la somme des péages pour remettre le réseau secondaire en été.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon voit dans cette nationalisation une façon de mettre un terme au vol organisé qu’impose cette privatisation des autoroutes. Yannick Jadot (EELV) développe, lui, les mêmes arguments que ces deux adversaires : baisser le coût pour les usagers de la route et réinjecter de l’argent dans les caisses de l’Etat. Pour finir, Fabien Roussel (PCF) opte pour une renationalisation progressive en ne renouvelant pas les concessions des autoroutes. L’Etat pourra ainsi reprendre la main progressivement entre 2031 et 2036 et mettra un point final à ces augmentations annuelles.
Si l’idée d’une nationalisation des autoroutes peut sembler séduisante, deux questions restent tout de même en suspens. Est-ce que l’Etat fera réellement mieux que les sociétés privées aujourd’hui en charge de l’entretien de nos autoroutes ? Force est de constater que notre réseau autoroutier actuel est en très bon état, alors que le réseau secondaire géré par l’Etat laisse à désirer sur de nombreux tronçons ! Autre question importante : le rachat de ces concessions d’autoroute pas l’Etat coûterait très cher. L’opération serait-elle donc réellement rentable pour les Français qui n’auraient aucune chance de voir arriver la gratuité des autoroutes ? Nous en saurons certainement plus lorsque les candidats auront davantage développé leurs projections suite à une potentielle nationalisation.
Des solutions raisonnables envisageables ?
Mais alors si la nationalisation des autoroutes n’est forcément un calcul gagnant, existe-t-il une parade à cette hausse annuelle des péages ? Selon Vincent Delahaye, rapporteur de la commission d’enquête sur le contrôle des concessions autoroutières « Il faut serrer la vis aux sociétés concessionnaires et essayer de récupérer une partie des 32 milliards de dividende qui devraient tomber d’ici la fin des contrats. L’enjeu est de récupérer une partie de ces sommes là . » Une idée séduisante mais qui semble utopique. Les concessions autoroutières avaient déjà été épinglées par la Cour des Comptes et pourtant rien n’avait évolué.
Une solution, en revanche, qui pourrait sembler raisonnable pour tout le monde, serait de diminuer le prix des péages sur les tronçons en travaux. Normalement, l’automobiliste paye des péages pour emprunter un réseau routier sur lequel il peut rouler à 130 km/h. Une voie rapide ! Mais lorsque les travaux opérés sur ces autoroutes le forcent à rouler à 90 km/h, le réseau ne répond plus à ses besoins. Dans ce cas-là , diminuer le prix de façon ciblée sur ces tronçons ralentis serait un début de solution satisfaisante.