C’est désormais acté, les voitures thermiques et hybrides seront interdites à la vente dans l’ensemble des pays de l’Union européenne dès 2035 ! Cette mesure, entérinée malgré une vive opposition des eurodéputés de droite, n’inclut pas les voitures d’occasion. Seules les voitures neuves seront concernées par ce changement historique ! Mais les automobilistes sont-ils prêts à passer au 100% électrique ?
Cette mesure visant à éradiquer les voitures et camionnettes neuves diesel, essence ou hybrides, a été proposé l’an dernier par la Commission européenne dans le cadre du « paquet climat » visant à accélérer la réduction de 55% les émissions de CO2 (par rapport à 1990) dans l’UE d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. C’est finalement hier, mercredi 9 juin 2022, que cette mesure interdisant la vente de véhicules thermiques dès 2035, a été voté par le Parlement. Avec 339 voix pour et 249 contre (24 abstentions), le vote a été serré. Cependant, la mesure doit encore faire l’objet de négociations avec les 27 Etats-membres. Ce n’est qu’après qu’elle fera office de loi.
Malgré un vote majoritaire en sa faveur, cette mesure zéro carburant ne fait pourtant pas l’unanimité chez les Eurodéputés. L’amendement des Verts visant à avancer la date d’application de cette mesure à 2030, n’a pas été prise en compte. Pas plus que la proposition de la droite de réduire de 90% (et non de 100%) les véhicules thermiques mis en circulation sur le marché en 2035 ! Ces 10% de négociations illustrent l’inquiétude de la droite de voir les voitures hybrides incluses dans cette nouvelle réglementation. Et pour cause, cette tolérance zéro émission, ne risque-t-elle pas de pousser de nombreux automobilistes vers des véhicules thermiques d’occasion moins chers et plus autonomes ?
A noter que les voitures thermiques représentent environ 12% des émissions en Europe.
Les automobilistes sont-ils prêts à passer au tout électrique ?
Depuis quelques années, les véhicules thermiques sont effectivement en baisse alors que les véhicules électrifiés sont, eux, en hausse. Pour autant, cela signifie-t-il que les automobilistes sont prêts à passer au tout électrique ? Aujourd’hui, la part belle est surtout donnée aux hybrides légères qui sont moins contraignantes dans son utilisation au quotidien. C’est lorsqu’il faut recharger que le bât blesse, soit dans le cas des hybrides rechargeables et des véhicules 100% électriques. Dans le premier cas, ne pas recharger fait passer une voiture verte en voiture plus polluante que les thermiques. Cette raison explique certainement l’inclusion des voitures hybrides dans la mesure du « paquet climat ».
Mais alors, si l’hybride n’est plus une option, qu’est-ce qui pourrait pousser les automobilistes à acheter une électrique neuve plutôt qu’une voiture thermique d’occasion ? Aujourd’hui, la crainte des départs en vacances et des longs trajets nécessitants une grande autonomie n’a pas disparue. D’autant plus que les bonnes sont encore souvent en panne ou occupées, ce qui rallonge et complique nettement les longs trajets.
Autre problème de l’électrique en plus de celui de l’autonomie : le prix élevé des modèles. Ils sont aujourd’hui en moyenne plus chers qu’une thermique de 10.000 €. Malgré l’envolée des prix du carburant, il est difficile de compenser le prix de l’achat en pleins d’électricité. Cependant, avec le jeu de l’offre et de la demande, on peut espérer voir le prix moyen d’une voiture électrique baisser. Reste les nombreux problèmes d’approvisionnement rencontrés par le secteur automobile (guerre en Ukraine, crise des semi-conducteurs…) qui rendent difficile la baisse du coût de ces matières premières. Pourtant, pour que cette mesure du passage au 100% électrique fonctionne, il faudra trouver des solutions à ces problèmes au risque de voir les automobilistes se cantonner aux voitures thermiques ou hybrides d’occasion.
Des pays européens plus avancés que la France sur l’électrification de son parc automobile
Avec cette nouvelle mesure l’Europe sera donc le premier marché majeur à basculer dans le 100% électrique. Une transition qui se fera avant la Chine et les États-Unis, mais sera devancée par certains pays comme la Norvège et Israël qui ont entamé leur transition écologique bien plus tôt. Ainsi, la Norvège ne vendra plus que des véhicules 100% électriques en 2025 et Israël en 2030.
Cependant, cette transition n’implique pas les mêmes conséquences pour tous les pays. Dans certains pays comme l’Allemagne, la France, l’Italie ou même l’Espagne, l’industrie automobile est un des plus gros employeurs. Or la fabrication de véhicules électriques nécessite moins de main d’œuvre, soit une perte de d’emplois inévitables. En France, selon la plateforme de l’automobile (PFA) ce sont 65.000 emplois qui pourraient disparaitre sur les 200.000 que compte l’industrie automobile dans le pays.