Rideau de fin sur les 24h du Mans ! L’édition centenaire de la course d’endurance aura tenu les centaines de milliers de spectateurs en haleine jusqu’à fin. L’arrivée de nouveaux constructeurs, des batailles acharnées dans toutes les catégories, une météo capricieuse et évidemment une cuvée anniversaire… tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette édition, une édition historique !
Les 325.000 personnes venues assister à la mythique course des 24h du Mans garderont cette édition centenaire gravée en mémoire. Celle que l’on surnomme « la course du siècle », a su surpasser toutes nos attentes. L’ambiance sur place, l’arrivée de nouveaux constructeurs à l’instar, de Ferrari, Cadillac, Peugeot ou encore Porsche, mais aussi la rage de vaincre qui planait au-dessus des Hypercar pressées d’en découdre, ont contribué à faire de ce week-end d’endurance un spectacle inoubliable.
A 16h, samedi 10 juin, lorsque LeBron James agite le drapeau français, après une Marseillaise entonnée à plein poumon par le public présent sur place, l’ambiance est électrique ! Le joueur professionnel américain de basket-ball donne, certes, le départ de la 4ème étape de la saison du Championnat du monde d’endurance (WEC), mais il donne surtout le départ de l’édition centenaire du Mans ! 62 voitures se tiennent sur la grille et toutes s’élancent sur les 13,619 km du circuit avec la même volonté de marquer cet épreuve anniversaire. S’en suivront 342 tours de piste, sans jamais aucune baisse de régime jusqu’au sacre exceptionnel de Ferrari… qui, après 24h de course, ne devance la Toyota que de 1 min 21.793 secs.
Pour mémoire, la course des 24h du Mans a bien été créée en 1923, cependant il s’agit en réalité de sa 91ème édition. Les grèves de 1936 et les conséquences de la seconde guerre mondiale entre 1940 et 1948 auront eu raison de la tenue de la compétition.
Un plateau majestueux chez les Hypercar des 24h du Mans 2023
L’apparition de la nouvelle réglementation chez les Hypercar a donné une seconde jeunesse à la catégorie reine d’endurance. Notamment attirés par les coûts de développement nettement revus à la baisse, 4 constructeurs se sont installés (ou réinstallés) dans les paddocks des 24h du Mans. Ils ont, du même coup, relancer la compétition face à Toyota qui régnait en maitre sur le WEC depuis quelques années, mais aussi sur les 24h du Mans avec ses 5 victoires consécutives.
Au départ, de l’épreuve mancelle le plateau d’Hypercar réunissait donc 16 voitures réparties entre 7 constructeurs avec une majorité de modèles débutants. Ainsi Ferrari, Porsche, Peugeot, Cadillac sont venus enrichir les rangs aux côtés des « anciens » Toyota, Glickenhaus et Vanwall.
Toyota et Ferrari, le choc des titans avant même le départ !
D’un côté Toyota et ses deux GR010 Hybrid alimentées par un biocarburant 100% renouvelable, sont venus chercher un 6ème sacre sur cette épreuve mancelle. Le constructeur qui fait un excellent début de saison en WEC a cependant dû faire face à un coup dur suite à une remise à jour des balances de performance peu de temps avant la course d’endurance. Les ingénieurs et pilotes se sont ainsi retrouvés avec 37 kg de handicap à apprivoiser rapidement pour espérer aller chercher une victoire.
Selon Thomas Heidbrink, le responsable RP de Toyota Gazoo Racing, ces 37kg ajoutés à une voiture qui dépasse à peine 1 tonne, représentent l’équivalent d’une pénalité équivalente à 2 tours sur une course comme celle des 24h du Mans. Notons, que si Toyota se retrouve être le plus pénalisé par ce rééquilibrage, Ferrari écope de 24kg supplémentaire et Porsche de 3kg. Si la nouvelle a fait grimacer les équipes Toyota, l’état d’esprit a toujours été au combat, bien loin d’être défaitiste comme nous expliquait l’ex-pilote Alexander Wurz avant la course :
«On a déjà eu des jours plus heureux avant une course, mais on essaye d’optimiser tous les aspects humains et mécaniques pour faire au mieux avec ce que l’on a. […] En sport, c’est 90% dans le mental donc on doit être résilient, optimiser ce que l’on a, se couper des problèmes, ne plus écouter les histoires de pluie, de pneus, etc… et donner tout ce que l’on a. »
Alexander Wurz, consultant pilotes pour Toyota Gazoo Racing
De l’autre côté, Ferrari – qui fait également un bon début de saison au championnat – était absent de la compétition mancelle depuis 50 ans et ambitionnait sérieusement de faire un retour remarqué en France… et pourquoi pas enrichir du même coup son palmarès d’un nouveau titre. Le dernier sacre du constructeur italien sur cette épreuve remonte à 58 ans. C’est dire si le défi était grand. D’autant plus grand que les deux Hypercars italiennes s’essayaient pour la première fois sur une compétition longue de 24 heures. Mission donc réussie pour la Ferrari 499P (n°51) pilotées par Alessandro Pier Guidi, Antonio Giovinazzi et James Calado qui se seront finalement imposer sur l’édition centenaire de la plus grande course d’endurance du monde.
Une course éprouvante pour Toyota et une magnifique victoire à l’arrachée pour Ferrari
En début de course, les conditions de piste extrêmes liée à la pluie animent la compétition. Les accrochages se succèdent, la voiture de tête change en permanence dans la classe des Hypercar et l’écurie 100% féminine Iron Dames en catégorie LMGTE-Am excite les foules avec sa lutte en tête de classement. C’est à la tombée de la nuit que la catégorie reine commence à voir deux écuries se détacher et se livrer une lutte intense : les champions en titre Toyota Gazoo Racing n°8 et la Ferrari AF Corse n°51 avide d’une victoire historique.
Coup de théâtre un peu après minuit, la GR010 Hybrid n°7 se voit contrainte à l’abandon lorsqu’elle est percutée par l’arrière par deux concurrents. Les dommages sont irréparables et sa course prend donc fin après 8h de course. Il n’y a donc plus que la n°8 capable d’aller chercher ce 6ème titre consécutif dont rêve Toyota. La bataille en tête des hypercar est intense, impossible de donner un team vainqueur, jusqu’à un freinage raté d’Hirakawa au terrible virage Arnage à 1h30 de la fin de course. L’erreur est petite mais fatale ! L’écurie japonaise ne peut plus espérer rattraper le cheval cabré. Ferrari et sa 499P (n°51) célèbrent donc leur retour au Mans sur la plus haute marche du podium. Elle devance de 1, 21 min la Toyota GR010 Hybrid (n°8) suivie de la Cadillac V-Series (n°2).
« Ce fut une course difficile. Au début, il n’a pas été facile de rester en piste en raison des conditions changeantes. Nous n’avions pas le rythme pour gagner mais nous avons fait de notre mieux et nous les avons poussés dans leurs retranchements jusqu’au bout. Ferrari était plus rapide que nous, nous avons donc dû attaquer très fort pour rester avec eux et cela signifiait ne prendre aucune marge. Nous avons tout essayé pour gagner donc nous n’avons aucun regret. Félicitations à Ferrari pour sa victoire. Ils ont été très impressionnants dès les qualifications.»
Sébastien Buemi (Pilote, voiture n°8)
«Ryō était dans la situation la plus difficile. On lui a dit de prendre tous les risques et d’essayer de combler l’écart pour ne pas avoir de regret. Nous étions à la fois très proches et très loin de Ferrari. Un grand bravo à eux. Ils ont été plus rapides et ils n’ont pas commis d’erreurs, alors bravo. »
Brendon Hartley (Pilote, voiture n°8)
Déception chez les Iron Dames
S’il est une déception sur ces 24h du Mans 2023, c’est incontestablement celles des Iron Dames et leur Porsche 911 RSR (n°85) qui ont fait toute la course en oscillant entre la 1ère et 2nd place… pour ne finir qu’au pied du podium. Une cruelle 4ème place qui s’est jouée dans la dernière heure. C’est finalement la Corvette Racing (n°33) qui s’est imposée en catégorie LMGTE Am devant la RT by TF Aston Martin Vantage (n°41) et la GR Racing Porsche 911 RSR (n°86).
De gros regrets également pour la très prometteuse et seule femme sur le plateau des LMP2, Doriane Pin qui voit sa course et celle de ses coéquipiers, Mirko Bortolli et Daniil Kvyar, prendre fin dans la nuit suite à un gros accident de l’ancien pilote de F1 avec leur Prema Racing (n°63). Contre toute attente, c’est finalement le team Inter Europol (n°34) qui a triomphé en catégorie LMP2, suivie du Team WRT (n°41) et de la Duqueine (n°30°).
Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine, avec encore de probables nouveaux constructeurs décidés à pimenter toujours plus cette belle compétition. Lamborghini, BMW ou Acura pourraient bien faire partie des intéressés…