Le 1er octobre 2024 marquera un tournant douloureux pour le périphérique parisien et ses usagers. Malgré l’opposition affichée par la région Île-de-France, les départements franciliens et certains membres du gouvernement, la Mairie de Paris maintient sa décision de réduire la vitesse à 50 km/h sur cet axe majeur de la capitale, actuellement limité à 70 km/h.
Cette mesure concernant le périphérique parisien s’inscrit dans une politique plus globale de la ville visant à diminuer drastiquement l’usage de la voiture au sein de la capitale. Si cette politique anti-voiture a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des habitants en réduisant les nuisances sonores et la pollution atmosphérique, elle fait face à de nombreuses oppositions.
Cette nouvelle mesure à l’encontre des automobilistes est d’autant plus impopulaire qu’elle pourrait bien s’accompagner d’ici peu de la pérennisation de la voie réservée au JO de Paris 2024 en voie de covoiturage. Une série de mesures mal vécue par les Franciliens qui craignent de voir leur temps de trajet domicile-travail allongé, particulièrement pour ceux habitant loin, du centre de Paris.
Rappelons tout de même que la Mairie de Paris n’a pas le pouvoir de décision exclusive. L‘accord de la préfecture de police et du gouvernement est également nécessaire pour valider cette décision.
Une décision attendue mais contestée
La Mairie de Paris, sous la houlette d’Anne Hidalgo, avait déjà évoqué à de multiples reprises ce projet d’abaissement de la limitation de vitesse du périphérique. Mais ce n’est que le 9 septembre dernier que la décision a été officiellement confirmée, malgré de fortes réticences. Le périphérique, long de 35 kilomètres, et emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, verra donc sa vitesse abaissée à 50 km/h, dans l’espoir de diminuer la pollution sonore et atmosphérique.
« Pour les 50 km/h, ça relève de ma décision. Ce sera au 1er octobre. On y travaille depuis 18 ans, donc ce n’est pas un sujet nouveau ».Â
Anne Hidalgo au micro de RTL, lundi 9 septembre 2024
Selon les autorités municipales, la réduction de la vitesse permettrait de diminuer significativement les nuisances pour les plus de 500.000 personnes vivant à proximité immédiate de cette artère. David Belliard, adjoint au maire en charge des Transports, justifie cette mesure en évoquant une réduction possible de 2 à 3 décibels durant la nuit.
Des arguments qui peinent à convaincre
Cependant, ce raisonnement est vivement contesté par de nombreux acteurs locaux, qui craignent l’effet inverse. Les autorités de la région ÃŽle-de-France, ainsi que la préfecture, estiment que la réduction de la vitesse risque de créer davantage d’embouteillages, augmentant ainsi la pollution. Plus de bouchons, c’est plus de pollution ! Les véhicules ralentis émettent davantage de gaz d’échappement et les émissions de particules fines provenant des pneus et des freins sont accentués sous l’effet « accordéon » des freinages et accélérations fréquents. Sans compter que certains automobilistes seront certainement tentés de se reporter sur des axes internes, encombrant encore davantage la capitale.
Cette inquiétude est également exprimée par les confédérations de petites et moyennes entreprises, qui déplorent l’absence d’étude d’impact préalable et redoutent des répercussions négatives sur le commerce en région parisienne. Et pour cause, ces mesures pourraient éloigner des commerçants une partie de leur clientèle qui se détournera de Paris en raison des difficultés d’accès. Les centres commerciaux situés en banlieue pourraient bien être les grands gagnants.
Quant aux riverains, ils partagent ces doutes et remettent en question les bénéfices promis en matière de pollution sonore et atmosphérique. La très probable augmentation des embouteillages pourrait augmenter les nuisances causées par le périphérique et provoquer une congestion accrue dans leurs rues, en raison des automobilistes cherchant à éviter la ceinture parisienne.
Périphérique à 50 km/h : des solutions alternatives ?
Si cette mesure peine tant à convaincre, c’est que la précédente réduction de 80 km/h à 70 km/h en 2014 n’a pas eu les résultats escomptés sur la pollution, tout en aggravant les embouteillages sur cet axe stratégique.
Ainsi, plusieurs solutions alternatives ont été avancées pour améliorer le confort des riverains sans toucher à la vitesse. L’une d’elle vient notamment de la région ÃŽle-de-France qui préconise de finaliser l’installation de revêtements antibruit le long du périphérique. Cette mesure est jugée plus pertinente que la réduction de la vitesse pour lutter contre les nuisances sonores.
Des excès de vitesse plus sévèrement pénalisés
Dernier point mais non des moindres, ce passage à 50 km/h entraînera des répercussions pécuniaires concrètes pour les automobilistes, au-delà même des difficultés de circulation supplémentaires qui en découleront. Actuellement, un excès de vitesse de moins de 20 km/h sur le périphérique limité à 70 km/h est puni d’une amende de 68 € et d’un retrait d’un point sur le permis. Avec la nouvelle limitation à 50 km/h, les sanctions seront alourdies. Une amende de 135 €, pouvant être majorée à 375 €, sera appliquée pour les mêmes excès de vitesse.