En France, une politique de dénonciation n’a généralement pas bonne presse. Pourtant c’est ce que prône la Sécurité routière pour les proches que l’on estime inaptes à conduire et dangereux sur la route pour lui, ou pour autrui.
Les histoires de jeunes fauchées dans la fleur de l’âge par une personne âgée ayant perdu le contrôle de son véhicule ne sont pas rares. Ces accidents graves peuvent, certes tuer, mais ils peuvent également renverser définitivement la vie de quelqu’un en la faisant basculer dans le monde du handicap. Les sportifs des Jeux Paralympiques étaient d’ailleurs un bon rappel de l’importance de la sécurité routière. Le drame qui est arrivé à la championne de tennis fauteuil française, Pauline Déroulède, renversée par une voiture conduite par une personne du 3ème âge, est l’illustration de ce débat. D’ailleurs, forte de son histoire personnelle, la jeune femme compte aujourd’hui parmi les porte-paroles de cette campagne pour une plus grande vigilance vis-à -vis des personnes inaptes à conduire.
En effet, les accidents de la route impliquant des personnes âgées soulèvent la question des capacités nécessaires à la conduite qui peuvent diminuer avec l’âge : les erreurs liées à la visibilité, au jugement des distances, ou aux réflexes sont courantes. Attention cependant à la stigmatisation trop fréquente, si les conducteurs âgés sont de plus en plus nombreux sur les routes en raison du vieillissement global de la population, ils sont souvent prudents et évitent les comportements à risque comme la vitesse ou l’alcool au volant.
Une campagne de dénonciation des personnes inaptes à conduire ?
Tous ne traversant pas les années avec la même vigueur, il n’est donc évidemment pas question de retirer à toutes personnes de plus de 70 ans son permis de conduire, au risque d’avoir conséquences psychologiques et sociales sur ces derniers. D’autant plus que certains conducteurs plus jeunes ne sont plus capables de prendre le volant bien avant 70 ans. Il faut simplement repérer les personnes inaptes à conduite… et qui ne sont d’ailleurs pas forcément des personnes âgées.
 Et pour ce faire, en France, la Sécurité routière opte pour une campagne étonnante encourageant le signalement des conducteurs dont le comportement sur la route inquiète, notamment les proches. Une procédure dédiée a été mise en place à cet effet, et la Sécurité routière en assure actuellement la promotion de cette campagne radio. L’objectif est de rappeler qu’il est tout à fait possible de signaler un conducteur potentiellement à risque auprès de la préfecture. Ce type de signalement à la préfecture permet de protéger cette personne en déclenchant, si nécessaire, un contrôle médical chez un médecin agréé. Lorsque cette consultation est décidée, le médecin agréé réalise un bilan médical complet et émet un avis d’aptitude, d’inaptitude partielle ou totale à la conduite. Cet avis est ensuite transmis au préfet, qui prend la décision finale de suspendre ou de maintenir le droit de conduire, éventuellement assorti de restrictions.
Quelles solutions chez nos voisins ?
Dans de nombreux pays, les conducteurs âgés doivent passer des tests médicaux pour vérifier leur aptitude.  En Espagne, par exemple, les conducteurs doivent passer un examen médical tous les 10 ans pour garder le permis, puis tous les cinq ans, pour les conducteurs âgés de 65 ans et plus. De même que des programmes de remise à niveau peuvent aider à corriger de mauvaises habitudes ou s’adapter aux nouvelles règles de circulation en vigueur. Il ne faut pas non plus négliger les technologies comme les systèmes d’assistance au freinage ou les alertes de franchissement de ligne qui sont une aide notable dans cette lutte pour des routes plus sûres.