Nouvel épisode dans la guerre qui oppose les taxis aux VTC : l’Etat offre à ces derniers une nouvelle application, baptisée « Le.Taxi », destinée à combattre Uber. Passerait-on d’une concurrence déloyale à une autre ?
L’un des atouts majeurs des entreprises de VTC comme Uber est incontestablement leur service 100 % connecté grâce à une application permettant de commander, payer, noter et même suivre l’approche de son taxi en direct. Ainsi, non seulement ce service nous permet de ne plus chercher de taxis le soir sous la pluie, puisqu’à peine le pied mis dehors un chauffeur vous ouvre la portière de sa voiture , vous accueillant telle une star de Gossip Girl ! Cerise sur le gâteau, vous n’avez plus besoin d’avoir de liquide sur vous, les chauffeurs sont adorables et le service est ultra sécurisant !
Ainsi, pour contrer Uber qui rencontre en toute logique un grand succès en France, l’Etat a développé un service inédit pour les taxis : l’application Le.Taxi. Cette dernière, à l’instar de ce que proposait déjà les Uber & co, permet donc aux utilisateurs de géolocaliser les voitures, de payer la course et de donner une note au chauffeur pour la qualité de son service. Cette application développée par les services de l’État (Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routières et le Secrétariat Général pour la Modernisation de l’Action Publique) en collaboration avec les professionnels du taxi aura nécessité la mobilisation de 4 agents publics et le déboursement de 250.000 €… à quoi l’on peut rajouter la coquette somme de 500.000 € de frais de fonctionnement annuel. C’est ce que l’on appelle une facture salée et une ingérence douteuse de l’Etat ! D’ailleurs Guillaume Connan, le PDG de l’entreprise de voitures avec chauffeurs (VTC) Chabé estime que l’État sort tout bonnement de son rôle de régulateur avant d’ajouter que « C’est révélateur d’une certaine partialité de l’Etat envers les taxis »
Le contribuable serait-il devenu pro-taxis ?Â
Le.Taxi est donc une application novatrice en cela qu’elle permet aux différentes compagnies de taxis, soit 50.000 chauffeurs partout en France, d’être répertoriées sur une seule et même application. Cependant cette dernière n’apporte absolument rien d’autre de nouveau par rapport aux entreprises de VTC qui ont su séduire une très large clientèle.
Ainsi, savoir que l’application Le.Taxi a été offerte et donc payée par l’Etat me dérange quelque peu, puisque l’on comprend bien que cet argent vient directement de la poche du contribuable. Je ne me souvenais pas avoir entendu, ni vu, les Français défendre à corps et à cris un service souvent pointé du doigt à cause de chauffeurs peu attentionnés et de courses beaucoup trop chères !
En clair, nous avons payé pour que l’Etat aide une profession qui se repose sur ses acquis et ne fait pas l’effort de mettre sa qualité de services au niveau des VTC. En échange, Uber soutenue beaucoup plus largement par ses clients se retrouve face à une concurrence déloyale puisque les sociétés comme Uber ne se retrouvent plus seulement face aux taxis mais face à l’Etat. N’est-ce pas un peu limite comme procédé ? La concurrence déloyale ne semble pas être là où on l’attend.
Pourquoi l’Etat prend-il parti pour les taxis ?Â
Pour se défendre face à nos interrogations quant à l’ingérence de l’Etat dans les affaires qui opposent les taxis et Uber, les ministères des Transports et de l’Intérieur rappellent qu’un texte de 2014 de la loi Thévenoud confiait à l’Etat la mise en place d’un « registre de disponibilités des taxis » afin que les VTC et les taxis luttent à armes égales. Notons tout de même que les différentes compagnies de taxis représentent 80% des 60.000 professionnels recensés en France et donc que malgré l’avantage de visibilité qu’offrent les applications aux VTC, les taxis sont encore loin d’être en phase d’extinction !
La réalité semble donc se cacher ailleurs : l’Etat ne tenterait-il pas plutôt de gommer une injustice par une autre injustice. Je parle évidemment des licences de taxis dont sont exemptes les VTC mais qui coûtent la bagatelle de 150.00 € aux chauffeurs de taxis parisiens. Sur ce point on comprend les taxis nettement défavorisés. Mais ce cadeau de l’Etat suffira-t-il à apaiser les tensions qui opposent les deux branches de chauffeurs ? Est-ce la bonne réponse ? On en doute, ce n’est pas à l’ensemble du secteur et aux contribuables de financer le problème de la revente de ces licences de taxis trop onéreuses !